Dix contre un [RP Public] [FINI]

Kazinopolis, l'un des plus grands royaumes de la seconde zone, qui accueille un grand nombre de rêveurs.
Ce royaume est sous la responsabilité de Infinity Midas, roi des rêves, connu pour sa noblesse d'esprit.
Ici, tous les rêveurs peuvent réaliser leurs rêves d'avarices et de richesses le temps d'une nuit. Certains rêveurs s'attardent parfois toute une semaine dans ce royaume.
Kazinopolis attire beaucoup de frustrés et de maniaques; surtout en fin de semaine.
Ici on joue de l'argent qui est réutilisé chaque soir, et surtout on parie.

Depuis plusieurs soirs, le royaume est en ébullition, car des travaux assez importants se préparent.
En effet, un nouvel établissement va être construit sur les ruines du Paradysio, la plus grande salle de jeux de Kazinopolis qui fut mystérieusement détruite suite à un obscur accident.
C'est lors de cet évènement que le célèbre Diki Steak périt dans d'étranges circonstances.
La légende raconte qu'il aurait détruit lui-même le bâtiment tellement celui-ci fut contrarié de perdre aux différents jeux et qu'il serait mort de fatigue après avoir déversé tant de colère.
Aucune information ne fut révélée ce qui eût pour effet d'amplifier la "véracité" de la légende.
Légende qui d'ailleurs s'appuie sur la seule présence d'une immense statue en or à l'effigie du puissant voyageur, celle-ci aurait-été créée pour commémorer le dernier exploit de Diki Steak à ce que l'on dit.

Quoi qu'il en soit c'est ici, ce soir, que l'on retrouve Nemo, en train d'arpenter les rues de Kazinopolis d'un pas sûr et décidé.
N'importe qui pourrait voir à sa démarche que ce jeune homme connaît bien le coin.
Car Nemo n'en à que faire de Diki Steak et de sa soi-disant légende, pour ce soir du moins, car le jeune homme trouve un certain intérêt dans les différents mythes et légendes de Dreamland. Mais pas ce soir.
Ce soir, Nemo s'apprête à exercer une activité dont il a l'habitude: il va parier.

Il existe un lieu à Kazinopolis, un lieu presque clandestin, où plusieurs voyageurs se réunissent chaque soir pour parier.

Nemo pénétra dans la ruelle sombre qui passait derrière l'un des nombreux casinos du royaume et descendit des escaliers qui menait droit vers une porte souterraine.
Lorsque le voyageur poussa la porte, il entra dans un lieu assez jovial. Un lieu très lumineux qui lui rappelait ces cabarets ou ces fumoirs que Nemo avait aperçu dans plusieurs films des années cinquante et soixante.
Ce salon était embué de la fumée dégagée par toutes les "cigarettes" utilisées par plusieurs voyageurs. Nemo ne considérait pas ces petits plaisirs comme du tabac, tout simplement parce que cela venait de Dreamland, la terre onirique.
Et si le tabac du monde réel pouvait avoir de sérieux dégâts sur le corps, il n'osait imaginer quels genre de dégâts sur l'esprit pouvait avoir le tabac de Dreamland.
Les murs étaient parsemées de tableaux animées, dont les protagonistes n'hésitaient pas à quitter leurs cadres pour virevolter dans les airs.
Un petit bar était installé dans un coin du salon, et l'on pouvait voir un gigantesque tableau qui était affiché au fond de la salle autour duquel plusieurs voyageurs étaient agglutinés.
Lorsqu'il entra, Nemo reconnut l'un des anciens videurs du Paradysio qui l'autorisa à entrer d'un signe de tête.
Le jeune homme n'eût pas le temps de profiter de la soirée, qu'un autre voyageur se précipita vers lui à l'instant où il l'aperçut.

-"Nemo!"-s'exclama celui-ci-"Il faut absolument que tu viennes voir ça! Les dernières mises à jour du classement SMB sont arrivées!"

C'est ce pourquoi Nemo était venu, c'est ce qu'il attendait. Car ce sur quoi les habitués du salon venaient parier ici c'était sur le classement des voyageurs.
A l'instar d'un classements de sportifs, plusieurs parieurs venaient ici, et misaient sur différents voyageurs, très souvent à l'aveuglette, et tentaient de deviner quelles seraient leurs futures positions.
Si vous vous demandez qu'est-ce qu'ils pariaient, c'est que vous avez l'esprit vif, car il n'y a pas de réelles monnaie entre voyageurs, et ne pensez même pas à cette saleté d'E.V.
Bien que clandestin, ce salon était quand même un minimum respectable et personne ne se servait d'E.V dans le coin.
Non, ici on misait ce que l'on avait de précieux, très souvent des objets magiques, mais aussi des bons plans. Cartes aux trésors, informations vérifiées etc...
Et c'est ça ce que venait chercher Nemo. Il était une sorte de chasseur de trésors.
Puisque Dreamland était parsemée d'un amas de richesses, il n'allait pas se gêner à partir les chercher. Il vous sera révélé plus tard ce que Nemo fait de tous ces trésors, car ce n'est pas ce qui importe ce soir.
Il est bon de savoir qu'en plusieurs mois, Nemo avait commencé à se faire un nom dans ce milieu. Il arrivait souvent à prédire les changements de classements des différents voyageurs, et ce avec une exactitude rare, et pour ça, le jeune homme avait son petit secret.

Quoi qu'il en soit les mises à jours venaient d'arriver, et cela signifiait de voir pour Nemo si ses paris étaient exacts et quels devraient être ses prochaines directives.

Il s'approcha du tableau, traversant la foule comme il pouvait. A son passage, plusieurs visages s'étaient tournés vers lui, l'observant avec de grands yeux.
Au départ il n'y prêta pas attention, mais il ne mis pas trop de temps à comprendre pourquoi il suscitait cette légère agitation.

Et c'est en jetant un rapide coup d'œil au tableau qu'il comprit.

Nemo avait pris du galon et était désormais classé 18ème de la ligue Baby.

Le voilà qui faisait parti du Top 20.

Nemo se frotta les tempes, il ne pouvait y avoir de pire nouvelle.
Lui qui avait horreur de l'effort physique, le voilà faisant parti des 20 plus puissants voyageurs de moins d'un an.
Même si il se sentit flatté au départ, cela ne dura qu'une seconde, car il savait pertinemment que ceux qui se trouvait entre les 15 ème et 20ème places attiraient l'attention des voyageurs qui ne brillaient pas trop au combat et qui souhaitaient atteindre le sommet. Et ces voyageurs là faisaient légion à Dreamland.
La perspective de devoir affronter une armée de minables et d'handicapés ne séduisait pas vraiment Nemo, loin de là.

Cette nouvelle l'accablait tellement qu'il ne prêtait plus attention aux autres changements du tableau, et encore moins à ce qu'il se passait autour de lui...

Voila deux nuits que Sophia venait dans la même ville. Une cité dépravée où, chaque nuit, la misérable vermine rêveuse grouillait sans cesse, a l'instar d'une quelconque colonie de larves inhumaines et pitoyables. Elle méprisait ces gens, ainsi que la plupart des Voyageurs faibles qui ne méritaient pas leur place. Aussi, son arrivée dans une ville de ce genre était un véritable calvaire pour elle, un supplice nocturne qu'elle essuyait a chaque fois que ses paupières se fermaient.
La seule chose d'intéressante dans cet endroit faisait tout son charme : l'appât du gain. En effet, de nombreux casinos y étaient implantés, et ils demeuraient le repaire d'escrocs et de tricheurs en tous genres. Des hommes et des femmes audacieux, comme Sophia les aimait bien. Il y en avait de toutes sortes : de grandes tours qui montaient jusqu'au ciel, illuminant la nuit toujours noire de mille feux irisés, ou alors de grands dômes qui, à la manière d'un kaléidoscope, réfléchissait la plupart des sons et des lueurs ambiantes. C'était une ville surveillée par les hommes de main d'Infinity Midas, le Roi des Rêves, car cet endroit se situait au Royaume des Richesse, connu pour sa fortune et surtout pour Kazinopolis.

Seulement, Sophia apprit qu'une affaire venait d'éclater il y à très peu : elle concernerait des abus et des vols de pouvoirs, en se servant d'objets magiques illégaux. Ce scandale aurait éclaté suite a la confrontation du directeur du Paradysio (qui n'hésitait pas, par les plus vils moyens, a escroquer ses clients fortunés) et d'un groupe de Voyageurs parmi lesquels se trouvait le n°10 de la Ligue Baby : Savane, le faiseur de poissons.
C'est lors de cette dangereuse soirée que décéda Diki Steak, le Voyageur prodige de l'infini, et dont la seule chose qui subsiste de lui, hormis les souvenirs de ses amis serait une magnifique statue en or offerte par Midas lui-même et autour de laquelle on serait en train de bâtir un nouvel établissement.
Lorsque la mort nous, attend, la gloire ne sert a rien. Sophia, elle, préférait vivre avec peu de célébrité, que mourir en en ayant énormément amassé.

C'est pourquoi sa présence dans les casinos "a gros budgets" lui était insupportable. De plus, il n'y avait que des Rêveurs pauvres là-bas. Quitte a se faire escroquer dans un endroit, elle préférait largement aller dans un petit tripot où les activités étaient... Disons, plus "discrètes" et plus "diversifiées". La nuit dernière, alors qu'elle arpentait en solitaire les rues, elle eut la bonne idée de suivre un individu paranoïaque et carrément anxieux. A force de tourner dans un dédale de ruelles interminable, et d'aller en vitesse accélérée pour éviter qu'il ne la remarquer, elle arriva devant une vieille maison abandonnée. L'homme entra dedans, ressortit avec une clef, ouvrit la cave et rentra dedans, avec de nombreux rouleaux sous les bras. Puis, de nombreuses personnes commencèrent a affluer. Elle se mêla a la foule et pénétra dans le bâtiment sombre et lugubre. L'ambiance y était plutôt bonne malgré le fait qu'on eut essayé plusieurs fois de la virer. Seulement, ses charmes avaient réussi a dissuader le vigile de la faire dégager.

C'était un endroit sympathique, et elle comprit rapidement quelles étaient les principes des paris. La plupart des joueurs misaient sur l'évolution du Classement S,M et B, une chose que les Roi des Rêves réprimaient fortement en raison du nombre d'affaires en or pour ceux que l'on nommait les "Voyageurs Killers". En effet, pour gagner des Objets Magiques, beaucoup étaient prêts a tout... Malheureusement... On avait déjà essayé de la tuer dans une ruelle, sûrement en raison de son bon classement dans la Ligue Baby. Mais bon, comment tuer quelqu'un si on va aussi vite qu'une limace dégoulinante de crasse et de bave ? Sophia, elle n'avait pas de temps a perdre.
C'est pour cette raison qu'elle était venue une troisième fois a cet endroit. Elle ne pariait quasiment jamais, mais aimait bien voir des têtes nouvelles, des horizons étranges...

Cette soirée là était comme les autres. Des Voyageurs entraient par ci, par là. A un moment, le nom de l'un d'entre eux attira l'attention de Sophia. En effet, un videur prononça le prénom "Nemo". Cela disait quelque chose a Sophia... Mais quoi ? Elle leva les yeux vers le tableau. Elle se souvint. C'était un Voyageur classée de trois rangs en dessous d'elle. En se tournant vers lui, elle remarqua qu'il avait un tatouage étrange. Elle s'approcha pour lui parler, comme beaucoup d'autres personnes. Apparemment, son ascension avait été fulgurante.

- "Toutes mes félicitations pour vos places gagnées... Vous n'êtes plus très loin de moi, désormais. Mais que suis-je bête ! Je ne me présente même pas ! Je suis Sophia Sanders."

Lorsque j'apparus à Dreamland pour ma seconde nuit, je me trouvais dans un milieu urbain. Où étais-je ? Autour de moi il semblait y avoir de l'agitation. La population était nombreuse et ses va-et-viens étaient incessants. J'ai levé la tête et j'ai constaté qu'il faisait nuit. Le ciel bleu marine ne reflétait aucune étoile. Dans ce monde onirique, il n'en existait peut-être pas.
Puis je me posai une autre question : Les heures étaient-elles les mêmes sur Dreamland et dans le monde réel ? Je ne le pensais pas, étant donné qu'il faisait jour à Dreamland durant ma première nuit. Peut-être que chaque lieu possédait une heure spécifique de la journée, et qu'ainsi dans le Royaume des Doutes (si j'avais bien retenu le nom) il faisait tout le temps jour. Oui, cela était probable. Mais j'en avais aucune certitude.

Je baissai la tête : le sol terreux était ferme et assez propre. Tout semblait réel, cependant une chose me rappela dans quel monde j'étais : la structure des bâtiments. La hauteur de certains était vraiment impressionnante, pouvant dépasser la centaine de mètres. La plupart des bâtiments semblaient refléter un milieu aisé. Des lumières de toutes les couleurs fusaient de part et d'autre des rues espacées. Je me trouvais apparemment dans une ville très animée.

J'ai regardé les gens autour de moi en remarquant qu'ils étaient tous plus ou moins pressés et exaltés. Pourquoi étaient-ils si contents ? Je ne lisais pas vraiment de joie sur leurs visages, juste de l'excitation et de l'amusement. J'ai alors conclu que j'étais dans un espace de loisirs. Mais quelles sortes de loisirs ? Vu que la plupart des personnes étaient adultes, ce devait être sûrement des jeux d'argent et de paris. Ce n'était pas vraiment mon truc, mais je n'avais pas le choix. Je décidai d'explorer la ville.

Soudain, je me suis rappelé de la phrase du vieil homme, lors de ma première nuit : « N'oublie pas, Dreamland est un monde dangereux. » Question de prudence, je sortis ma pokéball et invoquai l'abruti ailé. Son efficacité m'aurait étonné, mais il était le seul susceptible de me protéger pour l'instant. Il tourna sur moi tout en criant à tue-tête jusqu'à ce que je lui ordonnai de se la fermer, puis il se posa tranquillement sur mon épaule gauche.

Je devais d'abord me renseigner sur ce qu'étais exactement cet endroit. J'ai interpellé plusieurs passants pour leur demander mais leurs réponses étaient incompréhensibles. Étaient-ils des voyageurs ? Jung m'avais averti que même ceux qui n'avaient pas conscience de Dreamland s'y transportaient pendant leurs rêves. Les rêveurs. J'ai observé des dizaines de personnes autour de moi. Quelle proportion de voyageurs se trouvait parmi ces gens ? Je finis par trouver quelqu'un qui semblait avoir une connaissance précise de l'endroit où je me situais.

« Tu es à Kazinoplis, mon p'tit gars ! C'est la plus grande ville de la seconde zone ! Ici tout est possible, tu peux faire ce que tu veux ! Viens donc t'éclater au Casino ou au poker ! »

J'ai refusé poliment et j'ai continué mon chemin à travers les allées bondées. La seconde zone ? Qu'était-ce ? En tout cas mes intuitions sur la ville étaient bonnes. Que devais-je faire ? Sortir de la ville pour plus de sécurité ? Non, je continuerais mon exploration. Après tout, les gens autour de moi n'avaient pas l'air de se soucier de leur sécurité.

Devant moi apparut une sorte de maison en ruine mais grouillant d'activité. On ne voyait personne à proximité de l'extérieur ; cependant je distinguais parfaitement les discutions animées de l'intérieur. Pourquoi ne pas y jeter un coup d'œil. Si cela se trouvait, c'était peut-être un bar où se réunissaient les voyageurs en tout genre. En tout cas, les rêveurs des alentours ne semblaient pas y prêter attention. Je me suis doucement approché, j'ai ouvert la porte et je suis entré.

Au moment où Nemo apprit sa nouvelle place, quelques personnes autour de lui l'applaudirent et le félicitèrent. Ils s'approchaient tous en souriant, en tendant une main chaleureuse. Ce qui l'embêtait c'est qu'il allait peut-être devoir se méfier de chacune de ses personnes désormais, se préparer à ce qu'elles cachent un poignard sous leurs manches.

Mais en attendant Nemo jouait les hypocrites et leur répondait quelques "merci" avec un grand sourire. Ce n'est que plus tard qu'il fut interpellé par une charmante jeune femme.

- "Toutes mes félicitations pour vos places gagnées... Vous n'êtes plus très loin de moi, désormais. Mais que suis-je bête ! Je ne me présente même pas ! Je suis Sophia Sanders."

Nemo se tourna vers elle et serra la main que la dénommée Sophia lui tendait, et d'un rapide coup d'oeil il vérifia son nom sur le tableau...Numéro 15 de la ligue Baby, il pouvait être sûr qu'elle, au moins, n'allait pas essayer de lui voler sa place.
Il reposa son regard vers elle et répondit avec un grand sourire:

- "Enchanté! Je m'appelle Nemo. Nemo Arnone. Quant à mes places, je serais prêt à vous les vendre si je le pouvais."

C'est alors qu'il faisait connaissance avec Sophia que, pendant ce temps-là, un autre voyageur poussa la porte du sous-sol sans que personne ne le remarque, à part le videur.

Nemo se retourna vivement vers le jeune femme, et il lui sera la main, détournant son regard vers le tableau digital qui affichait en temps réel les fluctuations des Classements inter-ligues. Il dut remarque sa position, puisqu'il se mit a la regarder en esquissant une sorte de grand sourire. Il semblait dégager un sentiment de soulagement.
Ses paroles furent curieuses, mais justes. Il voulait "vendre" ses places ? Il craignait tant que ça le fait de se faire attaquer pour qu'on progresse dans le Classement ? Nemo semblait pourtant être balèze...Et il devait l'être, au vu de sa place, qui n'était pas très loin de celle de Sophia, elle qui se trouvait forte.
Pendant qu'elle le regardait, elle fut assez intriguée par le tatouage qui lui remontait jusqu'au cou. Elle lui fit part de sa remarque, la dissimulant sous des phrases de bienvenue banales.

- "Me les vendre ? Haha ! Non merci ! Les seules places qui m'intéressent, c'est celle que j'occupe et celle de celui qui est devant moi ! Mais... Au fait... Pardonnez ma curiosité, mais quel est donc ce tatouage que vous avez au cou ? Je n'en ai jamais vu de tel..."

Elle ne se doutait pas qu'il avait un trou béant sur la poitrine, causé par la Mandragore, car sa veste était fermée et il ne pouvait voir que la partie de l'apex. Parmi le flot de personnes qui entraient dans la pièce sombre mais spacieuse, son attention se porta sur l'un d'eux en particulier. Il avait sur son épaule un volatile étrange au combien ridicule. Alors qu'il reluquait les abords du bâtiments, il passa auprès des deux personnes. Sophia, faisant preuve d'une méchanceté apparente, dit tout haut a Nemo de façon a ce que Léopold l'entende :

- "Regarde le blond là-bas, comme il a l'air con avec son piaf sur l'épaule !"

La conversation commençait bien, Sophia avait tout d'une jeune femme cultivée et intelligente. Le genre de personnes qui en général gravitaient autour de Nemo.
Nemo était quelqu'un de sociable, qui savait plaire aux gens en général. Pour lui il n'y avait rien de pire que la solitude, il adorait alors la compagnie des gens. Ici, Sophia avait réussi à chasser les désagréments du jeune homme, il s'en fichait de son classement, il ferait avec. Quitte à se battre quotidiennement contre des voyageurs ambitieux.

Ce n'est qu'au moment, où elle évoqua son tatouage qu'il fronçât les sourcils.

Il avait eu le temps de le remarquer, ce tatouage n'était pas des plus discrets. Mais c'était la première fois qu'une personne l'interrogea là-dessus. D'habitude, les gens confondait son tatouage avec celui du clan des Tzigans et par conséquent on le laissait tranquille. Sur le coup, il ne savait pas trop quoi répondre et Sophia s'en rendit compte très rapidement.

A tel point qu'elle changea rapidement de sujet pour se moquer d'un jeune voyageur qui venait de rentrer dans le bâtiment.

-"Tu sais, depuis que j'étudie Alfred Hitchcock, j'ai appris à ne pas sous-estimer les oiseaux."

Lui cachait elle quelque chose a propos de ce mystérieux tatouage ? Il semblait pourtant a Sophia qu'elle l'avait déjà vu quelque part... Bref, il ne semblait pas vouloir s'expliquer, et sa provenance échappait a la jeune femme, donc elle ne s'attarda pas trop dessus. Nemo en fut soulagé, apparamment. Cela le détendit aussi que Sophia n'en veuille pas a sa place. Il fallait le comprendre.
D'ailleurs, pour détourner l'attention il fit une remarque constructive concernant la dernière qu'avait faite Sophia. Il parla du film "Les Oiseaux", un chef d'oeuvre du septième art. A tout hasard, Sophia lui demanda :

- "Tu aimes le cinéma ? Et puis pendant que j'y pense... Quel est ton pouvoir, si ce n'est pas être trop indiscrète ? Bien sur, je ne t'en voudrait pas si tu ne veux pas me répondre..."

Elle se tourna alors vers le Voyageur a l'oiseau qui venait de rentrern et qui s'était approché d'eux. Comme pour se faire pardonner, elle posa une question en observant son volatile :

- "Tu est un Ornithophobe ou quelque chose comme ça ? Excuse moi ma malpolitesse de toutee a l'heure...", dit elle en sachant qu'il était maintenant trop tard pour regretter...
C'est pourquoi elle le fixa plus attentivement. C'était un garçon d'une quinzaine d'années aux cheveux blonds. Il avait des habits normaux, des vêtements d'un garçon de son âge. A sa ceinture il y avait un objet rond et sphérique, qui lui rappelait une série animée japonaise a grand succès. Mais ce ne devat pas être cela...

- "C'est quoi cet objet a ta taille ?"

En entendant les paroles de la jeune femme, j'eus beaucoup de mal à ne pas rougir de honte. Je ne pouvais pas lui relancer la pique pour plusieurs raisons : ce n'était pas mon style, c'était une inconnue et j'étais de nature plutôt timide, et finalement je trouvais qu'elle avait raison.
En tout cas j'étais tombé juste : je me trouvais bien dans un repaire de voyageurs. Les gens autour de moi avaient la même expression euphorique et excitée que ceux de dehors, mais j'entendais diverses concersations à propos de la vie réelles. Cependant, ces voyageurs semblaient s'être réunis pour observer une énorme liste de noms et parier dessus.

Je me suis retourné vers la jeune femme pour la dévisager. Elle étais très séduisante et j'ai aussitôt pensé qu'elle devait s'habiller et se maquiller de façon à plaire encore plus. Les cheveux et les yeux sont ce que je retiens le plus chez quelqu'un. Sa chevelure était d'un blond assez magnifique, je dois dire, et la couleur de ses yeux était verte.
Avant de m'interpeller, elle conversait avec un homme dont l'attitude semblait refléter sa tenue décontractée. Ils avaient tous les deux une bonne dizaine d'années de plus que moi. Mais était-ce vraiment important à Dreamland ?

Je fis rétrécir ma pokéball comme on le faisait dans la série et le fourra dans ma poche en bredouillant vaguement que c'était un porte bonheur. Je répondis rapidement à son avant dernière remarque, saisissant une occasion inespérée de ne pas paraître ridicule :

« C'est ça, je suis une sorte d'ornithologue. »

Il valait mieux ne pas révéler le pouvoir que j'avais. A la limite, je pouvais toujours dire que j'étais ornithophobe, bien que je ne sache pas si ça existe.

Nemo était amusé par la charmante Sophia. Elle était excentrique à sa manière, dès qu'elle posait une question elle se tournait ailleurs et ne vous laissait pas le temps de répondre, ce qui arrangeait le jeune Nemo, qui trouvait qu'elle posait des questions parfois indiscrètes. Mais rien de bien méchant en somme.
Ils venaient tous deux d'accueillir dans leur conversation le jeune homme qui s'était fait remarquer par la présence de cet oiseau ridicule sur son épaule. Celui-ci avait l'air à la fois heureux et gêné d'être ici, il n'était pas trop dur de se rendre compte qu'il était nouveau ici.
Nemo souhaitait en savoir plus sur lui, on ne sait jamais ce qu'il pourrait devenir plus tard.
Mais il n'eût pas l'occasion de lui poser ne serait-ce qu'une seule question, car le temps que ce jeune voyageur, qui ne s'était d'ailleurs pas présenté, rejoigne le tableau, un de leurs nombreux voisins fît le rapprochement entre ce qu'il voyait sur le tableau et ce qu'il voyait sous ses yeux, alors il s'écria:

-"Hey! Barman! Sors ta meilleure bouteille! On a deux Baby du Top 20 ce soir!

Il hurlait en direction du bar tout en pointant Sophia et Nemo du doigt.
La foule qui les entouraient commençait à les acclamer et à les applaudir. Ils furent suivis par les créatures qui virevoltaient à travers les volutes de fumées qui jaunissaient le plafond autrefois blanc.
Alors que le mystérieux ornithologue semblait perdu et dépassé par les évènements, Sophia elle semblait au contraire se prêter au jeu.
Mais Nemo n'était pas de cet avis. Il foudroyait du regard celui qui attira l'attention de la salle sur le petit groupe, le jeune homme craignait d'autres réactions beaucoup moins amicales et il avait peur de ne rien pouvoir voir venir à travers toute cette foule. Et les craintes de Nemo étaient fondées, car toute cette agitation attira l'attention de deux voyageurs silencieux qui s'étaient contentés de rester assis, accoudés au bar. Ils observèrent un moment Nemo et Sophia et décidèrent par la suite de quitter leur sièges.

Nemo ne les avait pas encore remarqués, ni Sophia, ni personne, mais il sentait qu'il allait devoir user de la violence ce soir.

Il se tourna vers Sophia et dit en souriant:

-"Toi qui voulais connaître mon pouvoir, on va peut-être devoir tous deux s'en servir."

Sophia se riait de ceux qu'elle rencontrait. Mais elle prenait un plaisir malsain a harceler Nemo de questions pour le moins indiscrètes. Elle apprit en effet que le jeune garçon dont l'épaule était ornée de l'oiseau était, exactement a l'instar de ce qu'elle avait spéculée, un ornithophobe, et apparamment un invocateur de volatiles. Elle émit un petit gloussement, faisant preuve d'une innocence apparente qui ne cachait qu'un désir de faire tourner en bourrique ceux qu'elle rencontrait. Elle cligna de l'oeil en regardant le jeune adolescent, et esquissa se qui semblait être un sourire.
Nemo regardait attentivement ce jeune homme. Il se posait des questions sur sa véritable nature, sur ses origines, sur son avenir. Sophia s'en foutait pas mal, ce n'était pas son problème. Elle, c'était la gloire qui l'intéressait. La sienne, plus particulièrement.
C'est alors qu'un homme assis a la table d'à coté les reconnut et cria :

"Hey! Barman ! Sors ta meilleure bouteille ! On a deux Baby du Top 20 ce soir !

Bravo ! Cet idiot allait maintenant attirer l'attention. Sophia aurait aimait l'écraser comme un vulgaire puceron, comme une vermine minable ou un méprisable ver de terre. Elle sourit a la pensée de lui mettre un taquet super-sonique avant de revenir a ça place en un instant. Mais elle ne le fit pas, de peur d'attirer l'attention.
D'ailleurs... Cet homme s'en était déjà chargé. Premièrement, piaf-boy semblait un peu bouleversé de savoir que des gens du top 20 de la Ligue Baby étaient à sa table, qu'ils discutaient avec lui.
Deux Voyageurs étranges les fixaient depuis qu'ils avaient appris l'époustouflante nouvelle, et semblaient avides de combat pour les écraser. Seulement, personne ne put se mettre sur ses gardes, ces gens étant tellement discrets que personne ne les avait ramrqués, accoudés a la table du fond de la salle bondée.
Le sang se sentait dans l'atmosphère. Le meurtre allait être de cette nuit... Les Dieux voulaient des âmes de Voyageurs... Et Sophia et Némo allaient leur en donner... Ce dernier dit alors :

"Toi qui voulais connaître mon pouvoir, on va peut-être devoir tous deux s'en servir..."

- "Je suis d'accord", dit la jeune femme en acquiescant. Elle se tourna vers Léopold : "Tu es de la partie, mon petit ?", dit elle en souriant.

L'un des deux hommes se leva alors, et sortit un poignard affuté de sa manche. Il le lanca sur le groupe, et Sophia ralentit l'écartement de l'air autour du projectile. Il arriva ainsi à une vitesse si ralentie qu'elle pouvait l'attraper par la garde, ce qu'elle fit. Cependant, l'arme fondit en un métal brûlant entre les mains de la jeune femme. Il couina et lacha le liquide chaud au sol avant de s'essuyer les paumes sur la table. La main du Voyageur qui les avait attaqués leva la main vers eux, et elle se fit a se métalliser et a fondre en plusieurs piques qu'il projetta sur les Voyageurs.

*Un métalophobe...*, songea la jeune femme.

Sophia se résigna a esquiver pour voir de quoi étaient capables ses deux compagnons présumés...

- "On va voir de quoi vous êtes capables, messieurs..."

- "Je suis d'accord... Tu es de la partie, mon petit ?"

Nemo n'écoutait qu'à moitié, il ne prît pas la peine d'observer la réaction de Léopold, ni celle de Sophia.
Il ne faisait que scruter la foule, alors que les voyageurs autour de lui continuaient de boire, danser et de les acclamer. Il était inutile d'essayer de quitter les lieux discrètement, ils étaient les stars de la soirée, personne ne les laisseraient partir, et même si il se faufilait seul à travers la foule, n'importe qui pourrait l'attaquer par surprise.
La meilleure option était de rester sur place, et prier qu'il ne se passe rien.
Nemo avait beau être sur ses gardes, il ne vît rien du tout.
Un poignard jaillit soudainement de la foule et se précipita droit vers son visage, Nemo avait à peine eût le temps de l'apercevoir que celui-ci s'arrêta net dans sa course, comme si celui-ci avait heurté un mur invisible.
Le jeune homme resta immobile, ce soir aurait pu être le dernier. Sophia se dirigea vers le poignard, d'un pas langoureux. C'était visiblement elle qui avait arrêté l'arme.
Avait-elle vu l'attaque venir? Si oui, est-ce que la différence pouvait-être si grande entre deux voyageurs si proches dans le classement?
La foule ne mit pas trop de temps à remarquer la présence de l'arme et à en déduire d'un combat à venir.
Tout le monde se stoppa net, et tournèrent leurs regards envers Nemo et Sophia ainsi que vers leurs deux agresseurs, désormais à découvert. Ceux-ci semblait très professionnels, et ne bronchèrent pas. C'était l'attitude de gars qui avait encore des as dans leurs manches.
A cet instant, Sophia s'apprêtait à saisir le poignard, qui n'était pas stoppé mais ralenti à l'extrême. Nemo fit un geste pour l'en empêcher mais elle ne remarqua rien, et au moment où elle toucha l'arme elle poussa un cri et recula s'essuyer la main sur la table.
Sous ses yeux, il vit le poignard trembler. Convulser serait un terme plus exact. Et le métal fondit en de grosses gouttes grises.
Ces gouttes éclatèrent en plusieurs aiguillons qui étaient pointés droit vers les voyageurs.

La seule chose qui les sauva à cet instant c'est que la musique continuait de tourner.
Nemo n'avait pas eu le temps de penser, il réagit.
Il y eût l'instant d'après une sorte de courant d'air. Et la musique s'arrêta comme si elle avait été aspirée. Il y eût un craquement sourd et toutes les aiguilles furent projetées vers le plafond où elle restèrent plantées.

Nemo jeta un regard vers ses compagnons de nuit, avec un sourire moqueur:
- "Ça fait comme des guilis, hein?"

Nemo resta ainsi quelques instants, tous les regards étaient toujours rivées vers les cinq voyageurs, la foule s'était d'ailleurs écartée autour d'eux, et certains n'hésitèrent pas à filer à l'anglaise. Le jeune homme fixait le plafond, là où tous les aiguillons restaient immobiles. En effet il n'avait pas trop réfléchi, si ces bouts de métaux pouvaient encore éclater, c'était une très mauvaise idée de les laisser au-dessus de leurs têtes.
Nemo tapa alors plusieurs fois du pied sur le plancher en bois du salon, et une à une, les aiguillons éclatèrent en une fine poussière qui disparut dans les airs.

Il y eût un autre moment de silence, et les deux assaillants s'avancèrent, toujours dans un silence religieux, vers les trois jeunes voyageurs.

L'un deux, avait un bandeau noir qui lui couvrait le front et le crâne et portait un grand manteau noir lui aussi, et il les observait les bras en croix.
L'autre voyageur, était d'un tout autre style. Un homme d'un certain âge, beaucoup plus rond, avec des cheveux et une longue barbe grisonnante. Il était habillé d'une chemise à fleurs purement hawaïenne, et se baladait en sandales.
Tous deux avaient des têtes à avoir tués leurs mères.

Maintenant que l'ennemi était identifié, Nemo arrivait à garder son sang-froid avec beaucoup plus de facilité. Car si il y a une chose que Nemo n'apprécie pas, ce sont les attaques surprises. Il s'avança vers ses assaillants, les mains dans les poches. Le combat allait être inévitable.

- "Gentlemen... Commençons."

Au moment même où le poignard se dirigeait à une vitesse fulgurante sur nous trois, je compris que l'affrontement de la partie adverse n'était pas de mon niveau. Instinctivement je fis un pas en arrière et me fondis à la foule. La femme leva un bras et le poignard s'arrêta. Il parut alors sur le point de se liquéfier mais je ressentis tout à coup une étrange sensation me parcourir de la tête au pied. J'attrapais progressivement le tournis tandis que je vis l'arme en mille morceau se ficher au plafond. Je m'étais trompé. C'est les deux côtés qui n'étaient pas de mon niveau.

J'ignorais totalement la portée de ce genre de combat à Dreamland. Je ne savais même pas si ce genre d'évènement se produisait régulièrement. Tout ce que je comprenais, c'est que je devais sortir le plus rapidement de ce pétrin.

Les deux personnes devant moi n'auraient sûrement pas besoin de mon aide ridicule. Leurs pouvoirs semblaient bons. Moi, par contre, je devais partir le plus vite possible d'ici.

Tous les voyageurs du bar s'étaient reculés vers le fond, à tel point que la porte de sortie était inaccessible. Je devais trouver un moyen de passer sans me faire repérer. Mais aucune idée ne me venait.

Je pouvais aussi déclencher une diversion. Mais comment ? Je me suis alors tourné vers mon seul atout et un moyen de me tirer du danger me vint. Les chances de réussite n'étaient pas grandes mais je ne voyais rien de mieux pour le moment.

Je fis discrètement un signe au moineau pour qu'il aille se poser à l'autre bout de la salle. Comme ça, je ne pourrais pas attirer l'attention. Alors au moment où le combat allait reprendre il roucoula de la manière la plus sonore possible.
« Crouuu !! Croooouuuuu !!! »
Au milieu des cris et des encouragements, peu de voyageurs l'entendirent. Et merde, la phase A avait raté. Tant pis, je devais tenter le tout tout le tout. Go to phase B. Alors j'inspira un grand coup pour crier :
« Roberto [HRP : surnom pour Roucool], vas-y ! Attaque Cyclone ! »
Sans que le combat s'arrête, pas mal de monde se tourna vers moi. Puis le piaf battit des ailes à répétition, encore et encore. Le sens du vent sembla tourner dans le sens des aiguilles d'une montre. En fin de compte, le cyclone n'était pas très puissant, mais juste assez pour déconcentrer le monde autour de moi et les faire bouger. J'en vis certains qui activaient leur pouvoir pour se défendre contre cette menace mais n'en voyant pas l'origine, ils restaient à chercher autour d'eux, l'air alerte.

Un joyeux bordel se créait quand je renvoyai l'oiseau dans sa balle et que je claquai la porte d'entrée derrière moi.

Tout s'était passé très vite. Sophia avait rapidement identifiée qui étaient les deux assaillants, et au moment où elle allait partir a grande vitesse frapper un des deux hommes, les gouttes de métal résultant de la fusion du poignard se crispèrent en une centaine de fines épines tranchantes. Elle n'eut pas le temps de se mettre en garde lorsque la volée d'échardes longilignes fusèrent dans toutes les directions. Elle se serait sûrement fait taillader si Nemo n'était pas entré en action. Il y eut un craquement sourd, et la musique se coupa net. Une onde étrange et intangible partit des paumes du jeune homme, et la totalité des particules métalliques acérées ricochèrent, comme si un bouclier invisible les avait protégés, eux et la moitié de la salle. Puis, l'ornitophobe ordonna à son oiseau ridicule de créer un tourbillon, surement pour renvoyer les fines lames sur les deux assaillants, du moins c'est ce que pensait Sophia. Au contraire, il profita du "vent" de panique et de l'effet de surprise de l'attaque du piaf pour s'enfuir lâchement, abandonnant ses "équipiers" contre deux hommes apparemment fort mal intentionnés.

Maintenant que les combattants s'étaient déclarés, l'assaut pouvait enfin avoir lieu. Bien que Sophia avait encore des doutes quant à la nature du pouvoir de Nemo et qu'elle ne connaissait pas celui de l'homme à la chemise à fleurs, elle restait confiante. Ce n'était pas demain que quelqu'un allait la battre : elle ne se rendrait pas facilement. Nemo devenait de plus en plus tendu, et avançait pourtant tranquillement les mains dans les poches en sifflotant au devant du champ de bataille. D'un bref geste des poignets ses gantelets se hérissèrent rapidement, recouvrant ses mains et ses avant-bras d'épines aiguisées mais moins fines que celles qu'avaient projetées leur agresseur quelques secondes auparavant. Les poings maintenant armés, elle se jeta à toute vitesse sur l'homme de métal pour lui asséner un violent coup à la clavicule. Elle frappa un objet dur en touchant son épaule. Elle recula rapidement au moment où l'inconnu contre-attaqua, en lançant une fine épée de métal sur la femme. Elle ralentit d'abord l'objet avant de faire un revers de la main pour le balayer, de façon a ne pas se faire blesser comme précédemment. Elle se demanda si Nemo s'en sortait, car elle ne put regarder après son attaque : l'homme de fer fonça sur elle, des piques d'acier sortant de son épiderme métallique et déchirant son manteau sombre. Elle s'accélérait et ralentissait son ennemi, mais n'arrivait pourtant pas à percer sa défense qui semblait impénétrable. Entre deux attaques, elle cria a Nemo dans la cave presque vide désormais :

- "Tu t'en sors ? Moi pas trop !"

A peine avait-il terminé sa phrase qu'une sorte de cyclone avait frappé la salle. Plusieurs objets virevoltaient, parmi lesquelles plusieurs mégots ou verres, parfois encore remplis.
Le mystérieux coup de vent provoqué par le jeune ornitophobe prît fin.
Nemo, qui s'était instinctivement protégé le visage, se releva, et constata les dégâts.
Leurs deux adversaires avaient été tout aussi surpris par l'attaque, ce qui confirmait que cela ne venait pas d'eux mais bien de Léopold.
Le jeune homme remarqua bien vite que celui-ci avait profité de sa diversion pour s'enfuir.

"Il ne s'était même pas présenté..." pensa-t-il.

Son regard croisa un instant celui de Sophia, qui était méprisant. Elle avait l'air d'en vouloir au jeune voyageur. A tel point qu'elle se précipita vers l'homme au manteau noir et le frappa violemment.
Nemo, quant à lui, ne lui en voulait pas spécialement, il n'aurait pas été capable de tenir le combat et il n'y avait aucune garantie comme quoi Nemo ou Sophia aurait été capable de le protéger.
Au final il avait pris une sage décision.
Mais l'heure n'était pas à la rêverie, il y avait un voyageur en face de lui. Un voyageur qu'il allait devoir affronter ce soir.
L'homme à la chemise hawaïenne observait son collègue qui affrontait Sophia. Et l'expression de son visage semblait s'adoucir.
Nemo ne pût s'empêcher de remarquer que la jeune femme était extrêmement efficace lors d'un affrontement au corps à corps, seulement son adversaire était particulier.
En effet, il était très difficile de déterminer qui avait l'avantage. Si l'un frappait, l'autre esquivait ou contre-attaquait, comme si ils étaient tous les deux au même niveau. Ou alors comme si l'un des deux s'abaissait au niveau de l'autre...

Nemo redirigea son regard vers l'homme à la chemise et aux sandales. Tous deux s'observèrent du même œil, avec un peu de dépit.
Apparemment aucun d'eux n'avait réellement envie d'affronter l'autre.
D'un geste de la tête, l'homme à la chemise désigna une des nombreuses tables abandonnées du salon. (D'ailleurs, le tripot était maintenant complètement désert. Il ne restait plus que le barman, qui, avec un masque à gaz en guise de visage, continuait de passer ses cocktails au shaker machinalement, ainsi que les habitants des tableaux, qui continuaient de virevolter dans les airs et d'observer la confrontation.

- "Tu t'en sors ? Moi pas trop !"

Totalement prise par son combat, Sophia se tourna un instant vers Nemo pour voir comment celui-ci se débrouillait et fût, l'espace d'une seconde, sidérée de le voir assis à une table avec son adversaire, un verre à la main. Mais elle dût repartir s'occuper de l'homme au manteau noir.

Les deux voyageurs se considéraient mutuellement. L'homme à la chemise hawaïenne, frottait sa barbe grisonnante d'une main, tandis qu'il sirotait un cocktail de l'autre, ce qui lui donnait une posture assez ridicule. Mais Nemo s'en fichait car il ne prêtait attention qu'à son regard froid qui était braqué sur lui.
Après quelques secondes de vide, tandis que Sophia continuait de tenir tête à son adversaire, Nemo brisa le silence.

-"Est-ce que...-Il marqua une pause-"Est-ce que je me tromperais si j'affirmais que vous deux n'êtes absolument pas là pour essayer de gagner quelques places dans le classement?"

L'homme avait posé son verre et ne touchait plus sa barbe, ses deux mains cessèrent de s'agiter mais il ne répondit pas.
Nemo reprit.
-"Et, est-ce que je me tromperais si je pense que vous êtes l'un comme l'autre bien plus forts que deux malheureux voyageurs de la ligue Baby?"

Toujours le silence.

Puis l'homme à la chemise hawaïenne prit la parole.
-"J'ai un message pour vous..."
Nemo restait perplexe. Il avait une voix grave et rauque, comme celle d'un homme qui fume beaucoup.
Puis il reprit.

-"...Un message de la part d'Emilio."

Nemo devînt blême.

L'homme à la chemise venait en un instant, en un mot, de faire revenir une ombre du passé de Nemo.
Le jeune homme, jetait un regard blafard vers son interlocuteur, et il réfléchissait le plus froidement possible aux conséquences de cette nouvelle information.

-"Il espère que vous vous êtes bien amusé ces derniers mois. Mais présentement il vous demande si vous n'avez pas oublié la dette que vous avez envers lui."

Autre silence.

-"Vous n'avez pas oublié. N'est-ce pas monsieur Arnone?"

Nemo, à moitié pris de panique, tressaillit, et répondit dans un balbutiement:
-"N...Non...Non, je n'ai pas oublié..."

-"Parfait."-Reprit l'homme-"Mon collègue et moi allons désormais partir. Mais n'oubliez pas..."
Il se releva.
-"N'oubliez pas que les Lunaires gardent un œil sur vous."

Nemo restait immobile, le regard pointé vers le sol, littéralement abattu par les paroles de l'homme à la chemise.
Celui-ci se tourna vers son collègue et lui fit un signe de tête.
Le métallophobe acquiesça, et se stoppa net en plein combat à la grande surprise de Sophia.

EPILOGUE

Les deux voyageurs étaient repartis, aussi silencieusement qu'ils étaient passés à l'assaut.
Ils laissèrent Sophia et Nemo seuls dans le tripot. Celui-ci gardait les stigmates d'une bataille de voyageurs.

C'était une bonne chose que ces deux-là soient partis, car ils étaient bien plus forts que prévu, et n'étaient pas là simplement pour prendre des places dans le classement.
Ils étaient venus tous les deux pour Nemo Arnone, le prévenir que désormais il ne serait plus seul et qu'il ne pouvait pas lutter.

Les deux voyageurs, qui furent compagnons le temps d'une nuit, se quittèrent ce soir-là. Ils se saluèrent poliment et se souhaitèrent avoir l'occasion de se revoir un soir.
Sophia Sanders partit de son côté et Nemo du sien. Jusqu'à ce jour ils ne se sont plus jamais revus.

L'incident, qui était assez banal en soi, et qui aurait rapidement dû être étouffé, prit des proportions démesurées, comme si quelqu'un avait tenu à faire éclater au grand jour la vérité sur le monde des paris.
Nemo était alors totalement banni du monde du jeu, ce qui l'éloignait d'un univers qui avait été grandement présent dans sa vie de voyageur, mais ses proches savait qu'il n'aurait aucun mal à rebondir vu tous les amis qu'il avait.

Les médias dreamlandiens ont eu l'étrange idée de réutiliser son nom et de le nommer petit à petit comme étant à l'origine du projet de faire des paris sur des voyageurs. Ce qui aura pour conséquence majeure de le faire rechercher par la justice et de faire de lui un criminel.

Mais l'histoire n'en est pas encore là...

» Rencontre au Sommet [Pv > Milan Troubetzkoy] [FINI]
» Place de l'Arc de Triomphe [RP public]
» Nocturne, dites-vous ? [RP Public]