Rencontre au Sommet [Pv > Milan Troubetzkoy] [FINI]

Des champignons a perte de vue, remplissant une sorte de prairie dégageant des senteurs et des saveurs toutes plus curieuses les unes que les autres. De multiples spores voletaient de toutes parts, tels des lumignons étranges illuminés par le soleil levant. Des couleurs chatoyantes et irisées emplissaient l'air, et, au sol, les couleurs diverses et contrastées de plusieurs sortes de champignons étaient présentes. Telle dans une société d'insectes, de multiples champignons de toutes tailles se déplaçaient vélocement au sol. On pouvait par exemple voir des champignons de plusieurs mètres de haut porter leurs congénères, et des plus petits vaquant a des occupations mineures et bien moins intéressantes. Tous ces petits êtres informes gambadaient en renâclant et en soufflant, en sifflant et en éternuant, en grognant, en glapissant, en jappant, ou en beuglant comme des taureaux a l'abattoir.

Gabriel était assit sur une énorme amanite surplombant la plupart des autres champignons de cette très grande vallée. A coté de cet abcès difforme couleur chair sortant du sol, il y avait une petite mare aux couleurs bizarres, comme si de l'essence y avait été versée. En effet, des serpents multicolores ondulaient a la surface de l'eau a cause du reflet solaire, ce qui donnait un autre coté merveilleux a cet endroit. C'est ce que pensait le Voyageur en regardant ainsi le paysage exceptionnel qui s'offrait a lui. Il ne put s'extasier plus longtemps, car une sorte de lézard géant bondit sur lui. Sur son dos poussaient diverses champignons, offrant a chacun de ses mouvements une libérations de spores colorées. A en juger de part la quantité de bave qui s'écoulait de sa mâchoire hideuse, Gabriel put deviner aisément qu'il était affamé et surtout toxique. Sa langue râpeuse et gluante bougeait tel un cobra dans sa bouche. Ses yeux couleur de rubis fixèrent Gabriel, puis il se jeta sur lui.

Gabriel, prit au dépourvu, se jeta sur un champignon aux alentours, qui manifesta son mécontentement et invoqua un de ses fidèles chiens de meute. Sédra apparut alors. Le Doberman jeta immédiatement ses pensées et surtout son regard sur le reptile sporeux. Crocs en avant, les deux créatures se sautèrent dessus l'une sur l'autre, dans le but d'occire l'opposant. Le monstre était corpulent et puissant, mais Sédra était rapide et agile, de part sa taille réduite canine. Les deux créatures se mirent a se mordre mutuellement, hormis du fait que le lézard n'arrivait pas a toucher le chien. Après plusieurs minutes d'un combat acharné contre la bête, cette dernière rendit l'âme et s'écroula au sol. Elle avait ployée sous les coups de Sédra, impuissante. Il rappela le chien, et ce dernier disparut avec un bruit étrange de succion.

Il regarda a nouveau l'horizon coloré et lumineux. N'y avait-il aucun Voyageur puissant se baladant dans les environs ? Un quelconque paladin de la Ligue Majeure ? Ou alors... Sasha lui-même ? C'est ce que se demanda Gabriel. Il pourrait utiliser Kiwan, mais il se ravisa, étant donné que sa truffe délicate ne supporterait sûrement pas les odeurs et les spores dégagées par tous les champignons. Il se résigna ainsi a attendre qu'un Voyageur arrive, allongé sur son amanite...

- L'air ambiant a quelque chose d'étrange...

Milan respirait bruyamment. C'était le genre d'habitudes qu'il avait adopté depuis son arrivée à Dreamland. Le monde des rêves lui procurait une nouvelle jeunesse et surtout, une santé parfaite. Son cancer n'avait pas sa place ici et ses poumons le savait. Il le savait et c'est pour cette raison qu'il inspirait aussi fort. Dreamland était formidable pour ce genre de choses mais Milan était persuadé que d'autres merveilles l'attendaient par delà le champ de champignons qui s'étendaient devant lui.

- Je n'ai jamais rien vu de tel...dit-il en grattant sa barbe. Des champignons de trente mètres de haut. C’est complètement fou, je ne sais même pas à quoi m’attendre.

Le paysage était très certainement singulier pour un nouveau voyageur sain d’esprit. Rien ne l’était pour Dreamland et cet endroit en témoignait à chaque seconde. Quelques champignons entretenaient des conversations incompréhensibles, d’autres se balançaient au gré du vent tandis qu’un autre chantait « Au clair de la lune » à l’envers...du moins il essayait. Milan avançait prudemment parmi les créatures burlesques, pensant qu’à tout instant pouvait en surgir une autre, plus menaçante. Bien sûr, ses doutes ne s’appuyaient sur rien de concret mais l’habitude de tomber sur des créatures étranges lui faisait envisager le pire. Alors que sa main se resserrait instinctivement sur son encensoir, Milan entendit derrière lui un long craquement suivi de cris affolés et terrorisés, projetés de la même façon que s’ils étaient poussés par une foule composée de personnes minuscules. Se retournant vivement, Milan s’aperçu qu’à une cinquantaine de mètres, un morceau de champignon géant cédait sous le poids d’une bonne centaine de ses petits congénères bruyants. Des « Aaaah ! » et des « Au secours ! » minuscules se firent entendre tout au long de la chute du morceau de champignon jusqu’à c e qu’un gros « boum » résonne dans toute la vallée. Un silence de quelques secondes s’ensuivit jusqu’à ce que les petites créatures crient toutes ensembles un long « Ouaiiis ! On est en vie ! ».

La sueur coulait le long du dos de Milan. Il savait qu’il n’aurait pas forcément été capable de courir très longtemps, voire même de se défendre si une créature aussi grande qu'un de ces champignons géant l'avait attaqué. Il s’était déjà battu auparavant et n’avait jamais perdu grâce à ses pouvoirs, ce qui le rassurait d’une certaine manière. Cependant, il savait que Dreamland n’était pas un monde ordinaire et se promener seul n’était pas vraiment conseillé pour les nouveaux voyageurs. Des créatures aux pouvoirs incroyables cherchaient souvent à faire du mal aux humains. Cette pensée le paralysa quelques secondes puis il reprit sa route en repensant à ce que lui avait dit son seigneur quelques semaines plus tôt. « Tu es un voyageur Milan...et je suis un...aah...un...non...ton seigneur cauchemar ! Tu es capable...de...de faire de grandes choses ! Répands ma volonté comme...comme un virus ! Hahaha ! » Perdu dans ses pensées, Milan entendit alors des bruits de lutte à quelques mètres de lui. Il savait que quelque chose se passait à plusieurs dizaines de mètres de lui mais un gros champignon à l’air satisfait l’empêchait de voir ce qui se passait ou même, de le laisser passer. Milan décida de contourner prudemment la créature immobile pour savoir quel monstre faisait des siennes un peu plus loin.

Le chemin qu’il avait emprunté était difficilement praticable et les bruits commençaient déjà à s’arrêter lorsqu’il arriva sur les lieux. Dos à un champignon, Milan passa prudemment sa tête sur le côté pour voir ce qu’il se passait. Il retint son souffle lorsqu’il vit une espèce de lézard aux proportions improbables gisant sur le sol, la langue pendante, perdue au milieu de crocs acérés. Un léger frottement se fit alors entendre au-dessus de sa tête, révélant la position d’une autre créature. Le vieil homme recula vivement et leva la tête vers l’origine du bruit qu’il venait d’entendre. Un jeune homme se tenait sur un champignon et le regardait d’un air interrogateur. Reprenant son calme, Milan demanda d’une voix ferme :

- Qui êtes-vous ?

"Qui êtes vous ?"

Un homme d'une carrure assez impréssionante témoignant de sa robustesse se dressait au pied de l'immense champignon. Il était assez grand pour quelqu'un de son âge, mais assez peu musclé. Gabriel estima son âge a environ soixante ans. Ses yeux étaient marrons, et semblaient fixer le jeune Voyageur d'un air curieux et interrogateur. Sous ses mêmes yeux se trouvaient d'innombrables rides difformes, semblant a de multiples crevasses fissurant un visage pourtant si énigmatique et qui ne demandait qu'une observation approfondie. Il portait de petites lunettes qui reposaient sur son nez fin et aquilin, témoignage d'une longue et répétitive lecture d'ouvrages passionnants. Mais cela, Gabriel ne le savait point. Il avait une petite barbe ressemblant à un bouc, de couleur grise et parfaitement peignée. Ses cheveux, a l'instar, étaient de même, tombant sur sa nuque.
Il avait un air mystérieux, de part de son regard mais aussi de part un sourire que l'on pourrait qualifier d'inquiétant mais aussi de captivant. Il ne semblait pas être du coin. En fait, il avait une allure banale, donc il ne pouvait être natif des royaumes oniriques. C'était par conséquent un Voyageur... Ou un Rêveur.
Mais, a la grande déception de Gabriel, ce n'était aucunement Sasha. Peut-être était-ce un Voyageur de la Ligue Majeure... Cela valait le coup de demander... Seulement, si cet homme s'avérait être de la Ligue Spéciale ou autre, Gabriel avait du souci a se faire. Il ne pouvait savoir ce que pouvait bien tramer l'homme. Car, il était sur que ce vieil homme portait un fardeau... Un terrible fardeau... Ou non.
Le jeune homme se risqua a lui répondre. Finalement, il se dit qu'il n'avait rien a perdre... Hormis sa vie de Voyageur...

- "Je suis Gabriel Gray. Et vous, qui êtes vous ?"

Sur ce coup là, il avait un peu merdé. En effet, il n'avait quasiment rien dit. Quoique, si l'autre était un Voyageur, peut-être connaissait-il sa place dans la Ligue Baby... Quand même, il n'avait pas beaucoup renseigné le vieux crouton... Hem... Son vieil interlocuteur, plutôt. Il s'aventura de nouveau sur le périlleux chemin de l'ignorance, et poussa la barrière un peu plus loin :

- "Je suis Voyageur. Les gens d'ici me surnomme le Cabot."

Voila qui était déjà mieux ! Mais bon... Il n'allait quand même pas lui raconter sa vie jusqu'aux détails les plus intimes ! Champiland n'était pas le semblable du Royaume des Doutes, a la fin ! Même au début, d'ailleurs. Son Roi lui répétait souvent, entre deux halètements (qu'il trouvait d'ailleurs fort incommodants), de ne jamais déclarer son identité au premier venu. Et bien c'était râpé pour lui ! Ah la la...
Il se redressa alors, sur l'amanite géant, de façon à mieux observer le nouveau venu. Ou le vieux vétéran. Après tout, il n'avait pas grand chose a craindre ici. Ce n'était que la Première Zone, et très peu de Voyageurs de la Ligue Spéciale ou Majeure s'aventuraient ici. De plus, il était le Voyageur n°2 de la Ligue Baby, donc il s'en fichait pas mal. Il devait néanmoins faire gaffe, car en cas de fuite, Kiwan ne lui servirait a rien, l'odorat perturbé par les pollens et autres spores nocives.

Dressé par rapport a son interlocuteur, il remarqua qu'il serait contre lui une sorte de lampe faite d'un métal semi-précieux reliée par une chaine à lui. Une bougie ? Non... Cela dégageait trop de fumée... Un encensoir ? Probable... Gabriel était intrigué par cet objet. Mais son instinct bestial et canin lui dit de se méfier. Était-ce un objet magique ? Un truc inutile comme le sifflet miteux que le vieux lui avait donné ? Il ne savait point. A tout hasard, il lança une conversation au combien ennuyeuse :

- "Et... Euh... Sinon, vous faites quoi par ici ? Et c'est quoi cette fumisterie ambulante que vous transportez ?"

Là, c'était clair...

Le franc parler du jeune homme plaisait beaucoup à Milan et c'est avec un rire qu'il lui répondit :

- Tu n'as pas ta langue dans ta poche, jeune homme ! C'est bien. Gabriel Gray tu dis ? Je n'ai jamais entendu parler de toi mais je suppose que la moindre des choses est de se présenter. Je m'appelle Milan. Milan Troubetzkoy et... Je suppose que tu dois être aussi un Voyageur ?

Le léger sourire qui se dessina sur le visage de Gabriel confirma ses doutes. L'homme était comme lui, un arpenteur de l'inconnu et de l'absudre. Ce n'était pas le premier qu'il rencontrait. Ce n'était pas le premier humain du moins. Pendant les quelques semaines qui avait suivit sa "naissance" en tant que voyageur, Milan avait croisé plusieurs autres humains. Il avait encore du mal à les différencier mais il avait fini par les classer en trois catégories : les simples rêveurs qui ne réagissaient pas beaucoup à ses paroles ou alors, pas de façon cohérente, les simples voyageurs aux allures d'aventuriers qui s'arrêtaient parfois dans leur voyage pour lui parler de ce monde et les mauvais voyageurs. Milan n'en avait croisé que deux de ces derniers et bien que leurs intentions furent clairement mauvaises à son égard, il n'eut pas de mal à se débarasser d'eux. "Un coup de chance sans doute" pensa-t-il. Quelles que furent les pensées qui trottaient dans la tête de ce Gabriel, Milan savait qu'il devait se méfier. Le monstre qui gisait un peu plus loin témoignait à lui seul de la violence exceptionnelle dont pouvait faire preuve l'individu.
S'apercevant qu'il serrait encore nerveusement son encensoir, Milan décida de se calmer et de le laisser pendre à son bras gauche, comme à son habitude. Après tout, l'objet n'avait pas besoin d'être serré pour fonctionner mais sa présence rassurait le vieil homme, comme un morceau de tissu pour un jeune enfant.

- Cet objet... Commença-t-il en cherchant prudemment ses mots, est un cadeau. J'y tiens beaucoup. Disons qu'il me porte chance et qu'il m'a sauvé de nombreuses fois lors de mes errances.

Gabriel ne semblait pas convaincu tandis l'encensoir ne cessait de répandre une odeur désagréable dans l'air. Un champignon à proximité respira alors l'odeur qui s'en échappait et commença à cracher et à tousser violemment. Gardant son calme, Milan poursuivi d'une voix naturelle.

- J'ignore où je me trouve. Voilà plusieurs semaines que je suis devenu ce qu'on appelle vulgairement un..."Voyageur". Je n'ai pas encore bien compris le principe ni le but de tout ceci mais une chose est sûre, je ne réapparais jamais au même endroit à chaque nuit. Cet endroit est l'un des plus étranges que j'ai pu visiter jusqu'à présent mais au moins, je n'y ai pas fait de mauvaises rencontres cette-fois-ci.

Appuyant volontairement sur sa dernière phrase, Milan essaya de percevoir la réaction de son interlocuteur. Rien ne semblait indiquer une quelconque hostilité mais il préférait rester prudent. Son pouvoir et ses ruses l'avaient sauvé jusqu'à présent. Pas ses muscles et il devait s'en souvenir.

-Vu que nous sommes les seuls "Humains" présents ici, il serait bon que nous tentions de trouver un chemin pour sortir de là. A moins que vous ne préfèreriez explorer d'avantage ce lieu...? La..."nuit" nous appartient ! conclut-il dans un rire.

Apparemment, le vieil homme avait bien aimé la façon de parler un peu juvénile de Gabriel. C'est pourquoi il avait répondu à sa question en rigolant, trahissant un peu ses sentiments. Le jeune chien fou avait une impression étrange, comme si le vieuxVoyageur voulait qu'on lise a travers lui comme s'il était un livre ouvert.

- Tu n'as pas ta langue dans ta poche, jeune homme ! C'est bien. Gabriel Gray tu dis ? Je n'ai jamais entendu parler de toi mais je suppose que la moindre des choses est de se présenter. Je m'appelle Milan. Milan Troubetzkoy et... Je suppose que tu dois être aussi un Voyageur ?

Il ne connaissait pas Gabriel... Ce n'était donc pas quelqu'un qui s'attardait sur les détails comme le Classement des Ligues Spéciale, Majeure ou Baby. Son nom était Milan Tro... Troubetz... Troubetzkoy. Milan Troubetzkoy. Un nom a consonance slave, en somme, ce qui allait bien avait son accent. Habitait-il en Russie ou dans un autre pays soviétique ?
Gabriel était étonné par le comportement suspicieux de l'homme qui se trouvait en face, de lui, ou plutôt en contrebas. Milan semblait avoir regretté le fait de déclamer son identité trop vite, avant de connaître les motivations de Gabriel. En effet, même si ce dernier n'était pas un Voyageur maléfique ni hostile, il était arrogant et aimait énormément le combat. De plus, augmenter son Classement était une obsession pour lui, c'est pourquoi cela le pousse à attaquer ceux qu'il rencontre. Milan avait l'air de pas mal s'en foutre, sinon. Il lui répondit a propos de la bougie bizarre qu'il balançait :

- Cet objet... Est un cadeau. J'y tiens beaucoup. Disons qu'il me porte chance et qu'il m'a sauvé de nombreuses fois lors de mes errances.

Cet objet était bel et bien un objet magique dans ce cas. La description convenait parfaitement a celle de l'objet magique. Cependant, Milan semblait avoir choisit ses mots avec une rare prudence, comme pour cacher l'effet de l'encensoir. Il était déjà trop tard, malgré ses actions, et Gabriel comprit ce que faisait cet objet lorsqu'il vit son effet sur le décor, c'est-à-dire sur une des pousses sporeuses de l'environnement. Une fumée épaisse et ocre s'échappait de l'objet en argent, et elle semblait très nauséabonde. Les spores d'un champignon en bas semblait l'aspirer, et il semblait bien mal en point. La bestiole crachotait et toussotait, comme si elle était empoisonnée. Gabriel commença a se douter de quelque chose. Il pensait donc fortement que son interlocuteur était un Toxicophobe, un de ces contrôleurs de poison très traîtres et dont il faut se méfier. Il lui répondit :

- J'ignore où je me trouve. Voilà plusieurs semaines que je suis devenu ce qu'on appelle vulgairement un..."Voyageur". Je n'ai pas encore bien compris le principe ni le but de tout ceci mais une chose est sûre, je ne réapparais jamais au même endroit à chaque nuit. Cet endroit est l'un des plus étranges que j'ai pu visiter jusqu'à présent mais au moins, je n'y ai pas fait de mauvaises rencontres cette-fois-ci.

Il n'avait pas fait de mauvaises rencontres cette fois-ci ? Hahaha ! Il se ne doutait pas de son innocence, alors ? Comment pouvait-il être avoir autant d'assurance en si peu de temps. A moins que ce ne soit du pur et simple bluff... Gabriel décida de ne rien laisser transparaître. Il décida même de jouer la carte du rire.

- "Vous êtes donc un Voyageur ? Je le savais ! Sinon, cet endroit est très bizarre, et pour ce qui est des "mauvaises rencontres", a part ce lezard, je n'ai rien vu !"

Milan ne sembla pas très déstabilisé. C'est pourquoi il se dit que Gabriel pouvait être l'allié d'une nuit, ignorant surement que ce dernier pourrait le rejoindre a tout moment s'ils pensaient muttuellement a l'autre en s'endormant. Il dit :

- Vu que nous sommes les seuls "Humains" présents ici, il serait bon que nous tentions de trouver un chemin pour sortir de là. A moins que vous ne préfèreriez explorer d'avantage ce lieu...? La..."nuit" nous appartient !

- "Je n'ai pas l'habitude de m'associer avec d'autres Voyageurs... Cependant, une exception est toujours possible... Mais je dois d'abord connaître ton pouvoir, puisque tu es Voyageur ! Le mien, je pense que tu as du t'en douter en voyant le cadavre de cette bête..."

Milan se tourna vers la bête et réfléchit quelques secondes. Peu d'indices indiquaient la nature exacte de la mort. Cependant, le monstre semblait avoir été mordu à plusieurs reprises par une machoîre trop longue pour être humaine. "Les traces de morsures sont trop profondes, trop nettes et la forme de la machoîre rappelle si peu celle d'un humain que...hmm. Non. Je ne crois pas que ce soit ça" pensa le vieil homme. Selon toute vraisemblance, le monstre avait été tué par une créature au moins aussi grosse se servant de sa mâchoire pour vider son adversaire de tout son sang. Le mystère demeurait mais Milan soupçonnait Gray de pouvoir se transfomer en une bête féroce.

-Je ne me risquerai pas à donner une réponse sûre quant à ton pouvoir mais ce dont je suis certain, c'est que tu dois posséder une force surhumaine, commença-t-il d'un ton neutre, si tant est que ces traces de dents soient d'origine humaine. Tu m'as l'air d'être un garçon plein de ressources !

Gabriel ne répondit que par un sourire à la remarque du vieil homme mais ne daigna pas en dire d'avantage sur lui-même. Essayait-il de cacher sa force ? C'était une possibilité mais Milan se doutait qu'il n'allait pas tarder à lui en parler. Les jeunes étaient si impulsifs et si fiers dans la vie réelle qu'il n'y avait aucune raison pour que le monde des rêves n'exalte pas ces sentiments chez eux. Milan savourait néanmoins l'impatience que manifestait son interlocuteur vis-à-vis de lui-même. Il adorait ressentir ça, surtout quand il racontait ses nombreuses anecdotes et autres histoires à ses élèves, toujours pendus à ses lèvres.

-Bien, tu veux savoir quels sont mes pouvoirs ? Hahaha ! Impatient, comme tous les autres, vous brûlez toutes les étapes pour arriver à la réponse alors que le découvrir progressivement n'aurait été que plus intéressant.

Milan voyait que Gray s'impatientait et il s'en amusait. Milan se moquait de montrer son pouvoir ou de dire qui il était. Son seul souci était d'en montrer trop. L'effet de surprise dont il avait bénéficié lors de ses derniers combats lui avait donné un bel avantage. Il n'était pas question de le gâcher face à un inconnu.

-Voilà près de trois mois que je suis devenu un voyageur au service d'un seigneur cauchemar. Mes voyages furent longs et solitaires depuis ce jour et je rencontrai bien souvent des créatures et des voyageurs aux intentions malfaisantes. La nécessité me poussa à adopter une méthode de défense très particulière mais diablement efficace. Laisse-moi te montrer ce dont il s'agit.

Sous les yeux intrigués de Gabriel, Milan commença à promener son regard sur ce qui l'entourait. Lorsque ses yeux se posèrent sur un petit groupe de champignons chanteurs, il se dirigea vers eux avec la ferme intention de faire sa démonstration. Levant les yeux vers le "géant" nommé Milan, les petits champignons commencèrent à insulter le nouveau venu, prétextant qu'il leur cachait le soleil. Ne faisant pas attention à leurs plaintes, l'homme posa une main ridée sur eux et attendit un léger instant. Brusquement, les champignons furent pris de violentes convulsions et crachèrent le plus fort possible en hurlant de douleur. D'autres commençaient légèrement à se liquéfier et certains prenaient des teintes plus sombres tout en sombrant lentement dans la mort. Voyant que la contagion se répandait rapidement tout autour des défunts champignons, Milan retira promptement sa main de l'endroit où il l'avait posé, ne s'apercevant qu'à cet instant de la nature totalement organique du lieu. Cet endroit ne lui plaisait pas mais il n'avait aucune envie de répandre d'avantage le virus. Une fois la démonstration terminée, Milan se retourna vers Gabriel et dit d'un air satisfait :

-Voilà de quoi sont capables les vieilles personnes à Dreamland ! Hahaha !

Gabriel venait de donner a Milan une indication quant à son pouvoir, puisqu'il lui avait dit d'observer attentivement le cadavre du lézard mutilé par Sédra (mais de façon indirecte bien sur). C'est ainsi que le vieil homme tourna la regard pour fixer son attention sur la dépouille encore ruisselante d'un sang coloré du reptile sporeux. Milan se pencha pour reluquer attentivement les traces de morsures géantes qui formaient des trous béants dans la chair mise à nu. Tel un spécialiste, il étudia longuement les traces laissées par les crocs déchirants, a la manière d'un scientifique. Cela le renseignait bien entendu sur ce que pouvaient être ses occupations dans la vie réelle, ou même sur son métier.

- Je ne me risquerai pas à donner une réponse sûre quant à ton pouvoir mais ce dont je suis certain, c'est que tu dois posséder une force surhumaine, commença-t-il d'un ton neutre, si tant est que ces traces de dents soient d'origine humaine. Tu m'as l'air d'être un garçon plein de ressources !

La seule remarque que fit Gabriel par rapport aux investigations et aux hypothèses du vieil homme était un sourire ténébreux et aussi énigmatique que celui que le vieux Milan avait l'habitude d'esquisser. Il était bien entendu aussi chargé de sous-entendu que ce dernier, car il pouvait signifier plusieurs choses... Ainsi que leurs contraires. En effet, cela pouvait indiquer que Milan le surestimait, ou peut-être bien qu'il masquait sa force; cela pouvait aussi indiquer que Milan avait touché droit dans le mille a propos du pouvoir, mais cela pouvait aussi signifier que son pouvoir était tout autre. Ce qui était le cas...
Quelque chose d'autre attira l'attention de Gabriel, et ce car ce n'était pas la première fois que Milan répétait ces paroles. Il avait l'air de bien connaître les jeunes, au vu de sa façon de s'expliquer, qui était fort attrayante et donnait envie de boire ce qu'il disait.

- Bien, tu veux savoir quels sont mes pouvoirs ? Hahaha ! Impatient, comme tous les autres, vous brûlez toutes les étapes pour arriver à la réponse alors que le découvrir progressivement n'aurait été que plus intéressant.

En effet, il devait être quelqu'un de très pédagogue. Ce devait être un professeur... Cependant il s'exprimait très bien, avec une rhétorique parfaite. Il devait être un professeur de lettres. Mais son accent slave fit comprendre a Gabriel qu'il n'avait aucune chance de le rencontrer dans la région parisienne, ni même en France, puisqu'il devait enseigner cette langue dans des pays de l'est. Gabriel penchait plutôt pour la Russie, ou la Biélorussie, ou un truc du genre. De toute façon, pour le jeune Chien Errant, c'était comme l'Espagne, le Portugal et le Brésil, ou comme la Chine, la Corée et le Japon. C'était la même chose, pour lui, petit français moyen.
Gabriel s'impatientait, car, de toute évidence, Milan ne lui montrerait pas ses pouvoirs. Il semblait avoir peur de dévoiler trop de son éventail et de son métagame offensif au cas où il y aurait confrontation entre les deux Voyageurs. Il se décida finalement, a la grande surprise du jeune homme.

- Voilà près de trois mois que je suis devenu un voyageur au service d'un Seigneur Cauchemar. Mes voyages furent longs et solitaires depuis ce jour et je rencontrai bien souvent des créatures et des voyageurs aux intentions malfaisantes. La nécessité me poussa à adopter une méthode de défense très particulière mais diablement efficace. Laisse-moi te montrer ce dont il s'agit.

Gabriel allait enfin pouvoir connaître la véritable nature du vieil homme ! Il le trouvait d'ailleurs fort sympathique, et en fonction de son attitude du moment, les deux hommes pourraient sans doute envisager une alliance provisoire, bien qu'il soit rallié a un Seigneur Cauchemar, quoique Gabriel l'était aussi, en quelque sorte. Le vieil homme scruta attentivement le décor dans le but de trouver un cobaye pour la démonstration de son pouvoir. Il trouva finalement un concert de champignon, une symphonie de mycoses, en bref, un microcosme musicale et sporeux. Les petits êtres semblaient dérangés par la présence d'un géant a leur yeux, qui projetait son ombre titanesque sur le groupe d'avortons muqueux. Il fit un bref geste de la main devant les êtres qui protestaient vivement. Sa main fit un tout petit signe, a la manière des Jedis dans l'anthologie Star Wars. Mais bon ! Le tout était le résultat.
Ce que vit Gabriel était assez incroyable. Rapidement, ils se mirent a avoir des convulsions, des spasmes et d'autres tremblements. Certaines voyaient leur épiderme blanchir et devenir rugueux, et d'autres se mettaient a vomir. Quelques uns avait des diarrhées, alors que le reste toussait comme des boeufs.
Finalement, tout ce petit monde décéda en quelques dizaines de secondes. En un mot... Impressionant.

- Voilà de quoi sont capables les vieilles personnes à Dreamland ! Hahaha !

La démonstration avait coupée net le souffle de Gabriel. Il était ébahi. Que leur avait-il fait ? Étaient ils empoisonnés par une quelconque vapeur toxique ? Peu probable, car ils souffraient de symptômes trop nombreux et variées pour être la cause d'une seule substance. Il comprit alors. Cet homme était un virus sur pattes.
Dans l'excitation, il lui répondit :

- "Spectaculaire ! Mais voyez donc de quoi est capable la jeune génération !"

Il sourit et rigola a gorge déployée lorsqu'il invoqua Sédra. La grosse sphère noire et feu prit vite une forme canine, avant de montrer la silhouette du chien gigantesque, qui faisait au moins deux mètres cinquante de haut pour quatre de long. Ses crocs saillants luisaient dans l'athmosphère. De sa voix désaccordée, il demanda a son maître :

"Rebonjour Gabriel. Cela ne fait pas longtemps dis-moi ! Mais bon, trêve de commentaires... Qui dois-je abattre ? Qui doit périr dans mes crocs ? Qui dois-je éventrer jusqu'à ce que son sang ne pourrisse au vent ? Ce vieil homme ? Ou un autre champignon ?"

Gabriel sentait la tension chez Milan. Il sauta du haut de l'amanite et se retrouva au même niveau que lui, bien qu'il soit un peu plus grand. Son chien l'imita, grognant et salivant.

"Tu sais...", dit-il a Gabriel, "Ce que tu m'as fait croquer tout a l'heure était particulièrement infect."

- "Ne t'inquiètes pas, tu aura un repas succulent dans peu de temps. Mais pas tout de suite. Cet homme est... Un ami. On y touche pas...", conclut-il.

Milan résista à l'envie de reculer. Il ne s'attendait absolument pas à ce qu'une telle créature apparaisse face à lui. "Ce chien est énorme !" pensa-t-il, peu rassuré. Milan ne parvenait pas à se faire aux diverses créatures monstrueuses qui peuplaient Dreamland. Son imaginaire très développé l'empêchaient pourtant de prendre constamment ses jambes à son cou mais il n'était pas habitué à voir des choses spectaculaires, comme le font si souvent les jeunes. Et puis, il n'avait pas leur carrure.

-Je suis très impressionné Gabriel, dit-il sans ciller. Je comprends mieux ta victoire face à ce lézard. Décidémment, tu ne cesses de me surprendre. Je me sentirai un peu plus en sécurité avec toi, je n'ai plus ton âge tu sais.

La discussion se poursuivait paisiblement à l'ombre d'un champignon géant. Milan appréciait le jeune homme. Il lui rappelait ses anciens élèves et sa vie agréable au sein de l'université. Gabriel devait à peu près avoir l'âge des étudiants de Master, les plus intéressants à son goût car ils commençaient véritablement à se plonger dans des recherches intenses avec leur professeur dès leur première année. Même si ce garçon ne semblait pas particulièrement attiré par la littérature, il demeurait néanmoins un compagnon de nuit assez agréable à vivre. Cependant, la prudence était de rigueur et Milan évitait de trop en dire sur lui. Il ne savait rien de ce voyageur pour l'instant.

-J'ai encore beaucoup de choses à apprendre sur ce monde. J'espère que nous pourrons nous revoir, je n'ai aucune idée de la façon dont on atterit ici, mis à part le fait qu'il faille s'endormir, déclara Milan d'un ton amusé.

Ses paroles s'arrêtèrent brusquement lorsqu'il entendit derrière lui une créature, ou du moins quelque chose de vivant, s'approcher sans grande discrétion sur le champignon qui les surplombait. Se levant d'un bond, les deux voyageurs reculèrent juste à temps pour éviter un coup de griffe d'un lézard plus impressionnant que le précédent. Les champignons qui poussaient sur son dos écailleux étaient plus larges, plus colorés et projetaient des spores à chaque mouvement de la créature. Sa taille dépassait de quelques mètres celle du premier et ses différentes cicatrices témoignaient d'une belle vie de combats.

-Ce doit être la mère...commença Milan, le souffle coupé. Ou alors, un mâle dominant !

La créature jeta un oeil sur le cadavre de son congénère, goûta l'air avec sa langue et lança un long cri furieux. Sa patte griffue allait frapper les voyageurs...

La crainte de l'homme par rapport a Sédra était parfaitement compréhensible. En effet, se retrouver face a un chien de cette taille n'était pas très banal. Cependant, cet homme possédait une forte volonté, puisqu'il ne bougea pas d'un cheveu. Il n'avait d'ailleurs aucune raison, puisque que Gabriel n'était pas hostile avec lui et n'avait aucune raison de mentir lorsqu'il parlait a Sédra. D'ailleurs, même si sont pouvoir pouvait paraître ridicule face au chien géant, celui de Milan était très puissant. Il n'avait donc pas a s'en faire, car il aurait pu transmettre n'importe quelle maladie mortelle au canidé, sans qu'il ne puisse rien faire.
Mais Gabriel avait confiance en Milan, il savait qu'il ne l'attaquerait pas.

- Je suis très impressionné Gabriel. Je comprends mieux ta victoire face à ce lézard. Décidémment, tu ne cesses de me surprendre. Je me sentirai un peu plus en sécurité avec toi, je n'ai plus ton âge tu sais.

A vrai dire, Gabriel trouvait le vieil homme de plus en plus sympathique. Sa dernière phrase était-elle une invitation ouverte ? Si c'était le cas, il fallait que le jeune Voyageur réfléchisse a cette proposition... C'était tentant, mais il lui fallait plus de preuves de la bonne volonté du vioque pour qu'ils espèrent créer une quelconque forme de coalition. Il aurait fallu qu'ils se combattent par exemple, ou qu'ils parlent de leur vie réelle. Peut-être bien même des deux. Il semblait vouloir dire encore un certain nombre de choses a Gabriel, mais il voulait éviter d'en dire trop. Il avait raison, car on ne sait jamais sur qui on peut compter a Dreamland...

- J'ai encore beaucoup de choses à apprendre sur ce monde. J'espère que nous pourrons nous revoir, je n'ai aucune idée de la façon dont on atterit ici, mis à part le fait qu'il faille s'endormir...

Il n'avait pas tort. On ne savait pas grand chose de ce pays onirique, et Gabriel lui dit ce qu'il en pensait :

- "En effet. Dreamland est une contrée chargée de secrets. On ne sait pas sur ce quoi l'on peut tomber du jour au lendemain. Je ne pense pas être capable d'expliquer certains de ces mystères... Mais une chose est sure, cela ne fait que m'exciter d'avantage lorsque j'arpente ces terres..."

Gabriel aurait dû retirer ses paroles. Il se demanda s'il avait vraiment de la chance ou non. En effet, juste au moment où ils parlaient d'imprévus, un lézard, au moins dix fois plus gros que l'autre les avait attaqué. Il était en effet vraiment très grand, et a chacun de ses mouvements, une déferlante de pollens et de spores toxiques leurs tombaient dessus. Gabriel mit son bras gauche devant sa bouche et son nez pour éviter d'en inhaler. Ils reculèrent en concert pour éviter un assaut de la part du monstre.
Il semblait horrifié par le décès de son semblable. Gabriel se dit qu'il allait passer un sale quart-d'heure...

- Ce doit être la mère... Ou alors, un mâle dominant !

- "La seule chose que j'espère ce qu'il n'y ait pas toute la meute en renforts !", cria Gabriel. Il se tourna ensuite vers Sédra et dit : "Désolé mais tu vas devoir te contenter de déchiqueter cette bestiole, Sédra ! Du moins si tu veux que je continue a être ton maitre !"

Le chien monstrueux répondit presque immédiatement :

"Pas de problèmes... Mais alors il faudra me nourrir en conséquence ensuite !"

- "No problemo !", répondit le jeune Voyageur. Il se dit cependant que Sédra pourrait se débrouiller seul, mais pas lui ! Il devait donc avoir recours à un autre de ses compagnons canins. Il invoqua Sailak, le lévrier très rapide. Il avait la taille d'un petit cheval (mais plus gros qu'un poney, et portait une selle de cuir par dessus sa fourrure dalmatienne.

- "Tiens, salut Gabriel ! Ah, je vois qu'on à pas le temps de discuter... Tant pis !", lança l'animal pendant que Gabriel lui grimpait dessus un lui caressant le haut du crâne.

- "Sailak ! Essaie de l'occuper en tournant en rond autour de lui pour que Sédra l'attaque !", il se tourna vers Milan, en tirant les rênes de sa monture : "Tu peux l'empoisonner gravement pendant que je l'occupe ?"

Milan resta figé un moment. La créature faisait facilement dix fois sa taille. Jusqu'à présent, la majorité de ses anciens adversaires n'était composée que d'humains. Bien qu'ils furent largement plus intelligents que des bêtes sauvages, leur actions demeuraient néanmoins bien plus prévisibles en tant qu'humain. Une bête enragée agissait selon son instinct et il était impossible d'imaginer ce qui lui passait derrière la tête. Voyant Gabriel foncer tête baissée dans le combat, il ne put que saluer son courage et après quelques instants de réflexion, décida de se lancer à l'attaque à son tour.

-Très bien, il veut que je l'affaiblisse ? mumura Milan, cherchant dans sa mémoire quelle maladie pourrait affaiblir un tel monstre. Cela ne devrait pas être plus compliqué que pour les autres.

Milan s'avançait prudemment, analysant son adversaire dans ses moindres détails. Les écailles étaient épaisses et recouvraient la chair sur toute la partie supérieure du corps. La contagion allait être trop difficile à répandre dans de telles conditions. Il fallait trouver un autre moyen. Pendant que Milan tentait de s'avancer vers Sédra et le lézard géant, une pluie de spores vint se poser sur le sol. Quelques graines se détachèrent également du dos de la créature et s'enfoncèrent dans la terre. L'une d'elle failli presque toucher Milan qui l'esquiva au dernier moment. Ne faisant pas attention à cette chute de graines, le vieil homme continua de se rapprocher, sans se soucier de ce qui germait autour de lui à une vitesse prodigieuse.
Les graines, une fois plantées, se mirent à pousser et à faire éclore des fleurs aux formes oblongues. Une fois les pétales dépliés, un lézard de la taille d'un petit chien sortait de chacune d'elles, prêt à mordre tout ce qui passait à sa proximité. Gabriel continuait d'occuper la bête avec ses propres monstres tandis que Milan tentait désespéréement de trouver un moyen de s'approcher du lézard géant.

-Je vais me faire déchiqueter si j'approche !

Milan rageait intérieurement, et pour cause : il ne pouvait rien faire pour se battre sans risquer de contaminer les chiens de Gabriel. Il ne savait même pas comment atteindre la créature. Par derrière, un coup de queue l'aurait propulsé à une dizaine de mètres. Sur les côtés et par devant, c'était le risque de s'exposer aux griffes et aux crocs des deux combattants. L'homme n'eut pas le temps de poursuivre ses réflexions lorsqu'un des petis lézards sauta sur son bras et commença à lui mordre l'épaule. Milan cria, sans trop savoir ce qui lui arrivait et fut bientôt attaqué par trois autres lézards. Accrochés à lui, il devenait une proie facile pour le reste de la troupe. Par réflèxe, l'ancien professeur insipra profondément et exhala longuement une fumée à l'odeur épouvantable autour de lui. Les lézards, toujours accrochés à lui, tombèrent comme des mouches au contact de la fumée. Les autres petites créatures, peu rassurées par ce qu'elles venaient de voir préférèrent entourer le voyageur avant de se relancer à l'attaque. Milan saignait du bras gauche et ses jambes comportaient des traces de morsures assez profondes. S'agenouillant presque sous le coup de la douleur, il regarda autour de lui et profita d'un instant de répit pour se préparer au prochain assaut. Son prochain assaut.

-Je vais perdre trop de temps si je les attaque un par un. Il faut quelque chose de plus rapide. Il faut...que je les tue tous en même temps !

Posant sa main au sol, Milo prit une autre respiration. Plus profonde cette fois-ci. Sa main suintait abondamment et laissait couler un liquide incolore huileux et répugnant. Au contact du sol, la terre se noirci et la végétation s'affaissa à mesure que la contagion se répandait. Les lézards, peu alertés par ce qui se passait devant eux entrèrent en contact avec la terre souillée. Quelques secondes après leur contact, tous gisaient à terre, crachant du sang et secoués de spasmes. La tactique avait fonctionnée. A ce moment précis, Milan réalisa quelque chose. Les corps retournés des lézards laissaient apparaître une zone non protégée par les écailles. Le dessous du corps reptilien, pattes comprises, n'était pas protégé par les écailles. En réalité, ce n'était que de la peau. Milan se retourna vivement vers le grand lézard et constata la même faiblesse chez lui. "Parfait..." dit l'homme avec un sourire. Son plan ne pouvait que fonctionner mais il fallait que Sédra obéisse.

-Gabriel ! Fais partir ton chien quand je te le dirais ! hurla Milan.

Gabriel le regard étonné, ne réagit pas tout de suite aux paroles du vieux voyageur.

-Fais moi confiance ! Si cet animal est bien un vertébré, je peux lui transmettre la maladie des os de verre ! Fais-le juste venir à moi pendant que je contamine le sol !

Sédra, qui était pourtant moins grand que le reptile, se battait contre lui avec un acharnement digne du plus courageux des guerriers sur un tumultueux champ de bataille. Gabriel, lui chevauchait son fidèle Sailak et tournait autour du monstre tout en donnant des ordres et des indications à son invocation, qui se battait déjà admirablement bien. Ils peinaient a affronter la créature, et ne réussirait sûrement pas à la tuer seul, vu que le monstre était a l'avantage sur un terrain tel que celui-ci.
Cependant, Milan tardait avant d'aider le jeune Voyageur, mais Gabriel comprit qu'il ne le laissait pas peiner pour le simple plaisir. En effet, le jeune Voyageur était épaulé par de très puissants alliés, et il n'était jamais seul. De plus, il était au top de sa forme, ce qui n'était peut-être pas le cas du vieil homme. Il ne pouvait pas approcher, sinon il se serait fait happé par les attaques toujours mouvantes des quatre protagonistes.
Il marmonna a propos d'une stratégie que Gabriel ne put entendre, trempé par sa sueur et criant a Sédra de faire très attention aux spores et aux morsures du godzilla mycosin. C'est alors que la bête secoua ses multiples champignons d'un coup, en projetant de multiples graines dans la terre meuble et fertile aux champignons dans le sol. Des fleurs poussèrent à une vitesse assez incroyable, et des lézard ressemblant a des orchidées en sortirent. Il devait y en avoir une quinzaine en tout.

- Je vais me faire déchiqueter si j'approche !, lança le vieillard non sans raison, encerclé par les monstres floraux. Gabriel regardait, et l'homme, et ses chiens. Milan venait de se faire attaquer par trois lézards, qui le mordirent avant de se faire décimer par une maladie fatale et fulgurante. Les lézards reculèrent un peu et se méfièrent de l'attaque du vieux Voyageur. Ses chevilles étaient ensanglantés, et son épaule était mal en point. Profitant de cette méfiance, il projeta une sorte de virus dans la terre malléable qui fit que tous les monstres s'effondrèrent a son contact. Il venait de découvrir un point faible intéressant au niveau du ventre, c'est à dire de la partie la moins exposée du lézard-champignon. Au moment où Gabriel allait hurler l'ordre a Sédra de viser l'abdomen, Milan lui cria :

- Gabriel ! Fais partir ton chien quand je te le dirais !, cria t-il a Gabriel, un peu suspicieux. Fais moi confiance ! Si cet animal est bien un vertébré, je peux lui transmettre la maladie des os de verre ! Fais-le juste venir à moi pendant que je contamine le sol !

Mais oui ! Pour Milan, le fait que ses pattes touchaient le sol était une véritable aubaine. Ses pouvoirs étaient très utiles. Milan du réfléchir en même temps qu'il esquivait à une manière d'attirer la bête colossale. Il se dit qu'il devait en payer le prix. Il regarda Sédra avec un regard fort, et ce dernier comprit ce qu'allait faire le Voyageur. Il recula avec Sailak, imité par Sédra et par le lézard monstrueux. Il devait prévoir comment agirait la créature, aussi il se résigna a invoquer encore une fois. Ce fut Litchi qui apparut. Le Saint-Bernard avait la taille de Sailak et portait sur son dos de nombreux barils ornés d'une croix blanche sur un fond rouge. Autour de son cou aussi par ailleurs.

- "Bwouf ! Bouendjour Gaby !", dit le chien Savoyard en regardant son maître et en remuant la queue. Il continua : "Bouendjour Sailak et Bouendjour Sédra !"

Gabriel avait oublié a quel point l'accent suisse de ce chien était insupportable. Cependant, ce n'était pas l'heure des retrouvailles attendrissantes. Gabriel cria a ses chiens :

- "Litchi ! Prépare de quoi soigner Sédra ! Sédra, toi tu essaie d'occuper cette saloperie ! Si tu te sens fragile, c'est a cause de Milan, alors demande a Litchi de te soigner. Sailak, continue comme tu le fais."

Les trois chiens aboyèrent en coeur comme réponse a l'appel. Il s'adressa ensuite au vieil homme :

- "Accomplis ton oeuvre sans te soucier de Sédra. Il sait ce que tu fais. Mais dépêche toi. Moi par contre... Je vais m'éloigner un peu si ça ne te vexe pas trop..."

L'action était risquée mais Milan décida quand même de lancer son attaque. La maladie allait atteindre Sédra. C'était ce qui inquiétait le plus Milan car si le chien géant se brisait tous les os du corps et que le lézard parvenait encore à se déplacer, il prendrait pour cible les derniers opposants encore debout. Milan cria néanmoins à l'attention de Sédra :

- Quand tu seras touché par la maladie, ne fais pas de mouvements brusques ! Mets-toi à l'abri si possible !

Le chien semblait avoir entendu. C'était l'essentiel. Posant une nouvelle fois sa main au sol, le vieux voyageur fit suinter ses doigts sur la terre fraîche. Il fallait d'abord répandre une épidémie végétale, via les plantes qui l'entouraient, pour tracer un chemin jusqu'au lézard. Une maladie humaine ne pouvait se déplacer dans un milieu comme celui-ci sans l'aide des pouvoirs de Milan. Le lien infecté magique servirait de "pont" entre lui et le monstre tant qu'il resterait concentré. Gardant en tête l'effet qu'il voulait donner à sa maladie, Milan ferma les yeux et focalisa ses pensées sur le but à atteindre. Autour de lui, les végétaux mourraient progressivement et l'infection se dirigeait droit vers le monstre. Au contact des pattes du lézard, rien ne sembla se produire. Ce fut à peine si la créature remarqua ce qui se dirigeait vers elle. Sédra, lui, avait compris, mais ne parveanait pas à s'écarter suffisamment de son adversaire pour éviter la maladie. Il semblait néanmoins préparé.

Soudain, un évènement étrange se produit. Le lézard, s'arrêtant net dans ses mouvements, regarda ses pattes avec curiosité. Milan savait que la maladie avait fait effet car tous les contaminés ressentaient toujours une sensation désagréable dans leurs membres avant de tomber malade. Le lézard ne comprenait pas ce qui lui arrivait mais décida finalement de donner un coup de griffe à Sédra, se rappelant soudainement ce qu'il était en train de faire quelques secondes plus tôt. Sédra, quant à lui, fit une grimace, ou du moins leva les babines en regardant ses propres pattes. Il reculait déjà en voyant charger le lézard et essaya d'esquiver le coup de griffe qui lui était destiné. Un faux mouvement le fit basculer sur le côté et un craquement répugnant se fit entendre. La patte arrière droite s'était brisée sur le coup. Sédra hurla et resta à terre, n'osant pas faire un mouvement de plus. De son côté, le lézard n'était pas parvenu à toucher Sédra et s'était jeté tête baissée contre un énorme champignon. Le choc fut encore plus intense. Toute la patte avant droite de l'animal s'était brisée jusqu'à l'épaule et son corps, projeté contre le champignon, avait rebondi sur la même surface au niveau des côtes. La créature poussa un cri de douleur et de rage, sans trop comprendre ce qui lui arrivait. A quelques mètres, Milan semblait satisfait du résultat.

- Gabriel ! Il est à toi ! lança-t-il à son allié. Même un enfant pourrait lui briser les membres !

Milan semblait hésiter à attaquer alors que Sédra se battait de son mieux, et que Gabriel essayait d'attirer le monstre en faisant de grands gestes et en faisant aboyer Sailak. Il tourna la tête pour voir où en était Litchi. Le Saint-Bernard préparait toujours sa mixture a base de Rhum Magique, importé tout droit du Pays de l'Ivresse. A la vue du regard insistant de son maître, le chien - comique - se mit au garde-à-vous, et prononça une quelconque parole incompréhensible en se mordant la langue. Gabriel n'y fit pas attention. Mettant sa main a la hanche, il s'aperçut qu'il avait encore la Flute des Molosses. Il se dit qu'elle pouvait peut-être faire du bruit pour attirer le lézard monstrueux. Il souffla dedans un nombre incalculable de fois, et fut résigné de la remettre dans son pantalon, grommelant que cet Objet Magique était minable, a l'inverse de celui de Milan qui semblait bien pratique. Il grommela pendant que Milan hésitait. Au moment où il allait l'engueuler, il prit la parole pour s'adresser a Sédra.

- Quand tu seras touché par la maladie, ne fais pas de mouvements brusques ! Mets-toi à l'abri si possible !

De tous les pores de sa peau se mit a suinter un liquide dégueulasse et blafard qui dégoulina au sol. La terre meuble et remplie de spores toxiques et infectieux se gorgea de cette substance malodorante. Les végétaux et la plupart des êtres organiques commencèrent a mourir, et les plantes commencèrent à se faner. La plupart des espèces animales moururent dans d'atroces souffrances, et un véritable chemin d'organismes décédés apparût alors, se dirigeant vers le lézard. La bête immonde ne parut pas s'en rendre compte, et continua a combattre Sédra, qui, malgré le fait d'avoir tout vu, ne pouvait se soustraire a l'emprise de la bête ; il était résigné à être empoisonné par l'ostéogénèse imparfaite. Gabriel ne pouvait rien faire, et se contenta de reculer derrière Milan.
C'est alors que le lézard et le chien monstrueux se mirent à ressentir une sensation désagréable dans leurs pattes, puis dans tous leurs corps. En essayant respectivement de s'assaillir, Sédra se brisa la patte arrière net, puis s'immobilisa et le lézard se cassa une bonne moitié du corps en se projetant contre un champignon. Il tira des spores au sol comme il l'avait fait la première fois. Les mêmes fleurs oblongues sortirent du sol contaminé et se fanèrent automatiquement. Les rejetons infernaux faibles et débiles qui en sortirent purent facilement être détruits par Milan, qui leur fracassait les os en leur donnant des coups de pieds.

- Gabriel ! Il est à toi ! lança-t-il à son allié. Même un enfant pourrait lui briser les membres !, dit alors le vieillard tout en écrasant un petit lézard récalcitrant.

Gabriel comprit alors ce qu'il devait faire pour tuer le lézard. Il donna des ordres a ses chiens préalablement, c'est-à-dire avant l'assaut :

- "Sédra ! Ne bouge surtout pas ! Litchi, va le soigner avec ta boisson ! Sailak, court vers lui et saute au dernier moment !"

Sédra ne bougea pas d'un poil, et se contenta d'émettre un grognement maladif. Litchi courut vers lui et tenta de lui administrer les calmants et les médicaments. Sailak courut a toute vitesse et bondit juste au dessus du crâne du monstre. Gabriel sauta en plein vol et retomba sur la tête du lézard en lui donnant un coup de poing. Il fracassa avec grande violence la boite crânienne de la bête faisant exploser la cervelle rosâtre de l'hybride reptile-champignon. Gabriel sauta du cadavre éclaté du monstre rapidement, et se remit sur le sol encore sain. Sédra parvint a se relever grâce aux soins de Litchi.

"Mes os me font un mal d'homme... Désolé Gabriel, mais il faudra que je me repose la nuit prochaine."

Sédra annula ainsi l'invocation de son chien, et le fit disparaître promptement dans un bruit de succion insupportable. Après avoir bût une rasée du Rhum Magique de Litchi pour se remettre d'aplomb des évènements. Il proposa le restant du baril a Milan, qui devait se sentir fatigué.

- "Tu en veux ? C'est la moindre des choses que je puisse t'offrir après ce que tu as fait pour moi. Je ne te remercierais jamais assez. Malgré mon pouvoir pourtant utile, il m'arrive de tomber sur des monstres très puissants qui me dépassent..."

[HRP : Je vais écrire la fin de mon RP assez rapidement. Désolé Gabriel mais j'ai pas trop le temps donc ce sera exceptionnel cette fois-ci, je te le promets lol.]

Lorsque la créature rendit son dernier soupir, Milan poussa le sien avec soulagement. Un rude combat venait d'avoir lieu et il n'était pas mécontent d'être tombé sur Gabriel. Les voyageurs n'étaient visiblement pas tous si aggressifs envers leurs propres congénères. Cela fit sourire Milan.

- Tu en veux ? dit Gabriel en s'avançant vers Milan. C'est la moindre des choses que je puisse t'offrir après ce que tu as fait pour moi. Je ne te remercierais jamais assez. Malgré mon pouvoir pourtant utile, il m'arrive de tomber sur des monstres très puissants qui me dépassent...
-Merci bien mon garçon. Tu ne devrais pas te sous-estimer. Toi et tes créatures avez quand même fait preuve d'un courage incroyable. Hahaha ! Qu'est-ce que je donnerais pas pour avoir ton âge !

Acceptant le rhum magique avec un hochement de tête, Milan avala tout ce qu'il restait d'un seul trait. La chaleur de la boisson rappela les alcools forts de son pays d'origine. Ces mêmes alcools qui vous faisaient revivre un homme après un violent blizzard. Ce rhum était cependant plus doux et possédait la propriété d'apaiser les blessures, ce qui faisait très plaisir au vieux voyageur. La nuit avait été très mouvementé et même si Milan ne se sentait plus capable de faire ne serait-ce qu'un seul kilomètre, il demeurait satisfait de cette rencontre avec Gabriel et de la réussite de ce combat. Terrasser ce monstre lui redonnait à nouveau une incroyable confiance en lui. Une extase et un sentiment de jouissance qu'il n'avait pas ressenti depuis ses débats passionnants à l'université. Il aimait Dreamland. Cette nuit avait été si intense qu'il se sentait presque capable de conquérir ce monde.
Regardant Gabriel, il se mit à réfléchir. Sans lui, il serait sans doute mort à depuis un bon moment déjà. Il n'était pas voyageur depuis des années et il comptait garder ce privilège le plus longtemps possible. Ce combat, bien que réussi, était la preuve qu'il ne parviendrait à avancer seul. Il fallait trouver des voyageurs. Des jeunes si possible, qui pouvait aisément le soutenir dans son périple. Cela paraîssait dur pour Milan mais il ne perdait pas espoir. Pas après tout ceci. Un toussotement de Gabriel interrompit ses pensées et il dit alors, les yeux dans le vague.

-Ce combat m'a vraiment ouvert les yeux, dit-il d'une voix sombre. Je n'ai pas vraiment de but ici, mis à part celui de satisfaire la volonté de mon seigneur. Je pense que je vais continuer voyager. Oui, après tout, je ne mériterait pas ce titre de "voyageur" si ce n'était pas le cas. Haha ! Non, ce que je veux dire, c'est que je vais continuer mon chemin pour découvrir quelque chose de nouveau. Quelque chose que j'ai attendu pendant des années et qui se présente enfin à moi les bras ouvert.

Milan se leva sans prévenir, faisant légèrement sursauter Gabriel. Le vieil homme paraissait plus déterminé que jamais. Ses rides semblait presque s'effacer et son sourire ne cessait de s'élargir. Il avait beaucoup d'idées en tête et ses yeux paraissaient contempler quelque chose d'invisible pour Gabriel.

-Merci pour l'aide Gabriel. Présente mes excuses à Sédra. Sa maladie ne durera pas longtemps. Quoiqu'il en soit, je compte bien m'améliorer d'ici à notre prochaine rencontre. Je ne sais pas où j'apparaîtrai la nuit prochaine ni ce qu'il m'arrivera mais je pense que nous nous reverrons bientôt. Dreamland me cache encore bien trop de choses pour que les laisse filer avant de mourir. Après tout, même les vieux croûtons ont le droit de s'amuser, non ?

Les derniers mots de Milan furent alors brutalement coupés par l'explosion de fumée caractérisque au réveil des voyageurs. L'homme venait de disparaître sans prévenir et laissait derrière lui un silence presque apaisant sur la valéee des champignons.

- Merci bien mon garçon. Tu ne devrais pas te sous-estimer. Toi et tes créatures avez quand même fait preuve d'un courage incroyable. Hahaha ! Qu'est-ce que je donnerais pas pour avoir ton âge !

Gabriel sourit gentiment suite à la remarque attendrissante du vieil homme. C'est vrai qu'ils s'étaient tous bien battus lors de cet affrontement. Surtout Sédra, qui avait occupé le grand lézard au péril de sa vie, encaissant de plein fouet la maladie que Milan avait fait propager dans la terre. Le jeune Voyageur fut heureux de voir son congénère accepter la boisson enchantée qu'il lui tendait. Après avoir bu le contenu du récipient, le vieil homme se sentit déjà mieux. Gabriel désinvoqua donc Litchi dans le même bruit de succion bizarre qui se produisait lorsqu'il rappelait à lui ses chiens.
Milan le fixait, et semblait pensif. Les spores dégagées par le champignon sur lequel s'était cogné le lézard géant tombaient lentement, comme une forme de neige multicolore et irisée. Les fines particules chatouillèrent la gorge de Gabriel, et de ce fait il toussota quelque peu. Cette réaction fit revenir à la réalité onirique Milan. Il prit la parole d'une voix mélancolique.

- Ce combat m'a vraiment ouvert les yeux, dit-il d'une voix sombre. Je n'ai pas vraiment de but ici, mis à part celui de satisfaire la volonté de mon Seigneur. Je pense que je vais continuer voyager. Oui, après tout, je ne mériterait pas ce titre de "Voyageur" si ce n'était pas le cas. Haha ! Non, ce que je veux dire, c'est que je vais continuer mon chemin pour découvrir quelque chose de nouveau. Quelque chose que j'ai attendu pendant des années et qui se présente enfin à moi les bras ouvert.

Gabriel comprenait ce que ressentait Milan. Dans un endroit aussi vaste que Dreamland, il y avait de nombreuses possibilités mais parfois, les buts s'égaraient et les chemins partaient dans le néant. Milan semblait avoir eu une sorte de révélation lors du combat opposant le lézard monstrueux aux deux hommes. Gabriel était pensif. Voulait-il combattre Gabriel pour prouver sa valeur ? C'est ce qui fit sursauter le jeune homme lorsque Milan se leva. Il fut surpris et se prépara a invoquer, mais il dut reconnaître que son raisonnement était stupide. Comment pouvait-il encore douter des convictions de l'homme après la démonstration d'alliance qu"ils avaient effectués toute à l'heure ? Il était sincère, malgré des objectifs flous. Il reprit.

- Merci pour l'aide Gabriel. Présente mes excuses à Sédra. Sa maladie ne durera pas longtemps. Quoiqu'il en soit, je compte bien m'améliorer d'ici à notre prochaine rencontre. Je ne sais pas où j'apparaîtrai la nuit prochaine ni ce qu'il m'arrivera mais je pense que nous nous reverrons bientôt. Dreamland me cache encore bien trop de choses pour que les laisse filer avant de mourir. Après tout, même les vieux croûtons ont le droit de s'amuser, non ?

C'est vrai. Milan avait raison. Il se retrouveraient bientôt. Très bientôt. C'était même sur. Au moment où Gabriel allait lui répondre, le vieil homme s'éveilla dans la vie réelle. Le silence revint bientôt, et une heure plus tard, le jeune Voyageur disparut a son tour.

» Milan Troubetzkoy
» Dix contre un [RP Public] [FINI]