Appelez-moi...Voyageur ! [RP Solo - Souvenirs]

Petite précision : Ce RP, comme je l'avais promis à notre cher Admin, servira à expliquer plus en détail l'arrivée de Milan à Dreamland. Comme je ne l'avais pas vraiment fait dans ma fiche, je préfère créer ces petites histoires pour justifier certains choix lors de la création de mon personnage et ainsi, donner plus de corps à mon background.

« Voilà…ici, ce sera parfait. »

Dans un soupir de satisfaction, Milan s’assit lourdement sur l’herbe. La petite colline sur laquelle il se trouvait lui donnait une vue magnifique. Un vent agréable soufflait sur la plaine et quelques oiseaux multicolores prenaient leur envol non loin de lui. Un cadre idyllique que l’on ne trouve que dans les plaines célestes. Chaque voyageur, débutant comme vétéran, connaissait cet endroit étrangement délaissé des habitants de Dreamland. Les humains venaient souvent ici pour prendre un peu de repos entre deux nuits de combats et Milan n’en demandait pas plus. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il s’était rendu ici. Profiter d’une « vraie » nuit de repos et surtout, prendre le temps de réfléchir. Son arrivée à Dreamland et les aventures qu’il y avait vécu ne lui avait pas laissé une seconde de répit. Cela lui retirait quelque peu l’impression de liberté que lui avait offert ce monde lors de ses premiers jours dans cet univers. Malgré cela, il ne s’en plaignait pas. Dreamland lui avait offert tant de choses.

« Cette nuit, je ne fais rien. » dit Milan d’un ton satisfait. « Je vais réfléchir un peu et… Expérimenter les siestes à Dreamland. Ha ha ! »

La perspective de pouvoir dormir pendant son sommeil l’amusait beaucoup. Jetant un dernier coup d’œil autour de lui, le vieil homme ferma lentement les yeux et laissa libre cours à ses pensées. Aucune créature hostile ne semblait vouloir montrer le bout de son nez. Pas un seul voyageur un peu trop orgueilleux ne daignait se manifester pour une épreuve de force. La nuit s’annonçait merveilleuse. S’allongeant dans l’herbe fraîche, l’ancien professeur respira bruyamment une dernière fois, profita de l’odeur unique que dégageaient les plantes aux alentours et laissa le sommeil se charger du reste.

Troisième Zone. Royaume Corrompu du Poison et des Maladies. Deux mois plus tôt. (souvenirs)

La puanteur était infâme. Le sol était souillé d’immondices. Les parois suintaient un liquide huileux impossible à identifier mais malgré toutes ces choses, Milan avançait, comme poussé par une force inconnue. La « voix » l’appelait depuis son arrivée à Dreamland et sans bien savoir pourquoi, il l’avait écouté attentivement et il suivait ses ordres sans se poser de questions. Le vieil homme en était à sa deuxième nuit et il ne comprenait rien de ce qui lui arrivait. La seule chose qui lui paraissait certaine, c’était la réalité troublante de ces lieux. Rêvait-il ? Etait-ce un simple délire ? Qu’importe, la voix qui le guidait semblait si douce.
Déambulant parmi des êtres maladifs aux oreilles pointues, Milan progressait lentement mais sûrement au travers de galeries rocheuses à peine taillées. Quelques uns de ces êtres ne prêtaient pas attention à lui tandis que d’autres levaient les yeux et murmuraient quelques secrètes paroles dont revenait souvent le mot « voyageur ». Les couloirs rocheux et dégoûtants dans lesquels évoluait Milan s’élargissait progressivement au fur et à mesure de sa descente dans ces enfers putrides. La population d’êtres humanoïdes aux oreilles pointues augmentait elle aussi à chaque détour d’un couloir. Son avancée n’importait pas beaucoup aux yeux de ces créatures mais elle laissait planer quelques doutes.

Quelques minutes de marche furent encore nécessaire à Milan pour voir finalement le bout de sa route à travers les méandres de ce dédale sordide et silencieux. La fin de ce chemin prit alors la forme de deux portes imposantes faîtes d’un bois noir aussi huileux que l’étaient les parois de la caverne. Quelques gravures mystérieuses ornaient celles-ci et leur donnaient un air de porte des enfers. Un éléphant aurait pu passer aisément entre ces deux portes qui, fermées, ressemblaient plus à un mur de pierre noire qu’à une réelle entrée. Deux êtres en armures lourdes, noires et luisantes, se tenaient fièrement dos aux portes, affichant un air imperturbable et ne quittant pas le vieil homme des yeux. A leur ceinture se trouvait de longs poignards aux lames courbées et desquels s’écoulait un liquide jaunâtre répugnant ainsi qu’une espèce de corne de brume mauve et gravée de caractères illisibles. La peau de leur visage découvert laissait paraître des plaques noires et mauves qui ne présageaient rien de bon pour leur santé, même si leur posture droite et leur forte carrure indiquaient un bien meilleur état de santé que celui de toutes les créatures que le nouveau voyageur avait pu croiser jusqu’à présent sur sa route.

A son approche hésitante et quelque peu semblable à celle d’un zombie, les deux gardes s’écartèrent des portes, saisirent leur étrange corne de brume et portèrent à leur bouche l’instrument. Le son qui s’en dégagea était indescriptible. D’abord puissant et grave, il se changeait progressivement en une longue et faible plainte, tel un gémissement de mourant. Les portes s’ouvrirent alors lentement dans un grincement désagréable et laissèrent échapper une vague brume incolore dont l’odeur répugnante fit légèrement reculer Milan. Les gardes, toujours aussi imperturbables invitèrent d’un geste identique le vieux voyageur à entrer dans le passage qui venait de s’ouvrir. Milan, n’hésitant pas une seule seconde, pénétra d’un pas un peu plus assuré dans l’immense salle qui apparaissait devant lui.

Baignée d’une faible lumière, la salle dégageait une odeur si malsaine, si écœurante et si épouvantable quelle aurait pu faire s’évanouir en quelques secondes n’importe quel homme ou femme de bonne condition. Il y régnait une odeur de pourriture que l’on aurait pu attribuer à un véritable charnier constitué de centaines d’hommes et de femmes contenus dans une seule pièce pendant des semaines entières, à laquelle on aurait pu ajouter celle de la moisissure et des excréments. L’atmosphère viciée n’affectait cependant pas le moins du monde le vieil homme qui, toujours sous l’emprise d’une certaine hypnose, poursuivait son chemin vers la source de cette inimaginable odeur. Assez vide, la grande salle contenait néanmoins un trône de bois noir aux proportions gigantesques et les murs arboraient de larges tapisseries représentant de sombres personnages engagés dans des batailles oubliées. Au fond de la salle, là où se trouvait l’origine de cette atmosphère morbide, se tenait dans l’ombre une forme massive, pratiquement de la même taille que l’étaient les deux énormes portes à l’entrée. Lorsque Milan s’en approcha, sa semi-transe s’estompa brusquement, lui laissant enfin le loisir « d’apprécier » pleinement ce qui l’entourait.

« A…aaah…approche, voyageur… » fit une voix provenant de l’énorme créature qui se situait au fond de la pièce. Celle-ci était étonnamment aiguë et semblait trembler et suffoquer sous le moindre effort de la parole. Milan regarda autour de lui et resta figé quelques instants. L’endroit ne lui paraissait pas menaçant mais il se méfiait de ce qui pouvait s’y cacher. Il savait qu’il n’était pas venu de son plein gré et il se posait encore beaucoup trop de questions pour se sentir réellement en sécurité. Comme si la massive créature avait entendu ses pensées, elle continua, sur le même ton suffoquant. « Ne t’inquiètes pas…je…j’ai fait sortir tout le monde pour notre petit rendez-vous. Nous sommes seuls pour parler de…aaah…de ton avenir ! »

La dernière phrase semblait avoir exigé de lui un effort surhumain, si tant est que la créature fut humaine, ce qui aurait beaucoup étonné Milan. Ce dernier, s’approchant de la forme, s’aperçut finalement qu’elle se trouvait derrière un léger voile ne laissant deviner que la forme de son interlocuteur. Le monstre qui parlait le même langage que lui devait pratiquement être aussi gros qu’un petit camion. Etalé de tout son long et recouvert de bourrelets, Milan parvenait à peine à distinguer sa tête. La créature était presque immobile mais elle était par moment parcourue de quelques spasmes. Le nouveau voyageur ne savait pas quoi dire et c’est en s’approchant silencieusement que la créature reprit la parole. « Te voici dans mon palais Milan…et plus particulièrement dans la salle du trône que…(il toussa longuement) que…j’appellerais d’ailleurs ma chambre stérile ! On me nomme Nehegemat et je suis… le seigneur cauchemar de la maladie et du poison. Je suis désolé pour ce voile qui nous… sépare mais… je suis tellement contagieux… oui contagieux, que même toi, tu pourrais en mourir. Pourtant, je t’ai donné mon pouvoir Milan. C’est la récompense que nous, seigneurs cauchemars, offrons… (il se racla bruyamment la gorge) aux humains les plus courageux…

Milan frémit en entendant les paroles du monstre. Cela n’avait aucun sens pour lui et c’est pour cette raison qu’il demanda : « Que voulez-vous dire ? » Nehegemat ricana. Une violente quinte de toux le secoua quelques instants puis il reprit de sa voix aiguë. « Beaucoup de choses mon bon ami… Tu es un voyageur Milan...et je suis un...aah...un...non...ton seigneur cauchemar ! Tu es capable...de...de faire de grandes choses ! Répands ma volonté comme...comme un virus ! Hahaha ! »

Première zone. Vallée des Montagnes Rivales. Six semaines plus tôt. (souvenirs)

Assis sur une pierre, à plus de deux mille de mètres d’altitude, Milan contemplait l’impressionnant panorama qui s’offrait à lui. Les vastes régions de Dreamland s’étendaient tout autour de la chaîne de montagnes tel un immense patchwork en raison de la différence de climat et des dispositions géographiques chaotiques et improbables. Seul le vent puissant venait briser le silence qui régnait au sommet de ces géantes rocheuses. L’endroit était idéal pour la méditation et bien que ce ne fut pas l’activité préférée de Milan, ce dernier profita de cet instant de répit pour réfléchir quelques instants.

« Un endroit reculé pour un esprit solitaire. Tu n’as pas changé Milan. »

La voix donna un léger frisson au vieil homme. Se retournant brusquement, il fit face à la personne qui venait de l’appeler par son prénom. C’était une femme. Elle devait être aussi vieille que lui mais faisait preuve d’une élégance remarquable par rapport à lui. Habillée d’un long manteau noir qui la recouvrait des épaules jusqu’aux chevilles et de petites bottines, son regard perçant – de magnifiques yeux gris - et sa bouche légèrement pincée lui donnaient un air presque sévère. Les traits de son visage, désormais quelque peu ridés, prouvaient néanmoins qu’elle avait été une belle femme par le passé même si elle ne semblait pas avoir perdu beaucoup de son charme. Une aura de respect et de grandeur émanait d’elle à chaque instant.

« Selena ! » cria presque Milan, un grand sourire aux lèvres. « Selena, je ne pensais pas te revoir ici. Cela fait des années que nous ne nous étions pas revus. Depuis…
-Depuis ton départ de Russie, il y a bien longtemps ! » La voix de Selena se voulait sévère mais elle ne put réprimer un sourire qu’elle cacha rapidement en tournant la tête. « Ne te méprends pas, je ne suis pas venu te retrouver pour te faire un sermon sur tes actes passés. Je pense que tu as passé l’âge. Je n’ai fait que t’observer depuis ton arrivée « officielle » en tant que voyageur dans ce monde. Entre nous, je ne pensais vraiment pas que notre prochaine rencontre se ferait en un lieu pareil. Enfin, les gens de ce monde disent que tout peut arriver ici alors j’imagine que tout ceci n’a rien de fortuit. Qu’en penses-tu ? »

Selena avait parlé rapidement et d’une voix forte, tel un professeur, empêchant Milan de pouvoir répondre quoique ce soit. Elle non plus n’avait pas changé et leurs retrouvailles paraissaient la troubler sans que le vieux voyageur ne put dire pourquoi. « J’ai été moi-même très étonné mais je crois que c’est le lot quotidien pour tout humain qui s’aventure en ces terres, commença-t-il sur un ton amusé. Malheureusement, je ne parviens pas encore à m’y habituer. Les êtres de ce monde me regardent avec un certain étonnement quand je leur pose certaines questions alors j’ai souvent l’impression d’être l’extraterrestre du coin à chaque fois que j’apparais ici. Et toi, tu t’en sors ici ? »
Contrairement à Milan, Selena ne riait pas. Elle se contentait juste de l’écouter sans vraiment chercher à le comprendre. La voix de Milan lui laissait une impression de nostalgie que l’on remarquait presque à son expression. Reprenant peu à peu ces esprits, elle répondit, cette fois-ci sans cacher son sourire : « Oui, tout va bien pour moi. J’ai quelques petites occupations ici, à Dreamland, qui me tiennent occupée toutes les nuits.

-C’est-à-dire ? demanda Milan, l’air intéressé.
-Oh rien de bien particulier. J’explore et j’essaie d’en apprendre plus sur ce monde. Il y a tellement à voir et si peu de temps malheureusement. Je laisse le soin aux jeunes générations de découvrir ce qui les entoure. Et puis…soit dit en passant, je trouve encore beaucoup d’inspiration en voyageant de royaumes en royaumes.
-Je vois…fit Milan d’un air songeur. Tu écris toujours, hein ?

Selena se retourna brusquement, comme s’il elle eut craint que l’expression de son visage trahisse un quelconque sentiment. « Oui en effet, finit elle par dire. Il y a certains projets qui ne sont jamais abandonnés, même après l’adolescence.
-Cela me rappelle tellement l’époque de l’université… » Milan perdit son sourire quelques instants et un silence gêné s’installa entre les deux vieux amis. Certains souvenirs étaient parfois agréables à se remémorer tandis que d’autres ne faisaient que raviver une ancienne douleur. Ceux de l’université étaient bien souvent partagés entre ces deux extrêmes.

« Que sont devenus les autres après la dissolution…enfin, après mon départ ? As tu des nouvelles d’eux ? » La voyageuse le regarda droit dans les yeux et dit sans ciller :
« Je ne sais pas tout sur eux mais j’ai pu me renseigner et trouver quelques informations. Dans l’ensemble, ils ont tous fini par fonder une famille et trouver un travail en rapport avec leurs études. L’un d’entre eux a même fini par fonder son propre cercle littéraire. Il organise quelques conférences de temps mais je manque bien trop d’intérêt pour y assister. Je n’ai plus vingt ans après tout et les débats me lassent. Depuis quand t’intéresses-tu à ceux que tu as laissé en quittant ton pays ? »

Le ton était dur mais Milan comprenait sa réaction. Se sentant coupable, il préféra baisser les yeux et ne donna comme réponse qu’un simple silence. « Peu importe, après tout je m’en moque Milan, finit par dire l’élégante femme. Il semble que les remontrances ne soient pas à l’ordre du jour. Si tu me disais plutôt ce que tu fais ici, monsieur le contrôleur de maladie ?
-Comment sais-tu que… ? fit Milan d’un air étonné.
-Les réseaux d’informations de Dreamland sont très efficaces Milan, répondit Selena en lui coupant la parole. Peut-être parfois meilleurs que dans le monde réel. Que ce soit un mal ou un bien, cela m’aura au moins permis de te retrouver. Quoiqu’il en soit, tu devrais éviter de te promener seul. Tu es peut-être dans la première zone mais cela ne te mets pas à l’abri des brutes et autres monstres qui parcourent ce monde. Les voyageurs forment souvent des groupes à Dreamland alors essaie de te faire quelques amis.
-Ne pourrions-nous pas commencer par fonder le nôtre ? demanda Milan d’un air amusé. Nous sommes déjà amis, c’est un bon début.
-Je suis déjà ma propre voie Milan. Tu devrais faire pareil. Et puis…tu n’oserais pas me reprocher de partir seule de mon côté, non ? fit-elle en voyant une légère déception se peindre sur le visage de son ami. Tu serais vraiment mal placé pour me faire ce genre de reproche. Bref, inutile de t’interroger pour l’instant sur la façon dont je t’ai retrouvé ou sur la manière de survivre à Dreamland et acceptes plutôt ceci.

Ouvrant son manteau, Selena en fit sortir un objet de taille moyenne et le tendit avec un léger dégoût à son vieil ami. « Ne le pointe pas sur moi ! » fit-elle en lui remettant l’objet. Grand d’une quinzaine de centimètres et relié à une longue chaînette, l’objet en question se révéla être un petit encensoir de couleur violette. A son contact, Milan ressenti comme une légère vibration lui parcourir le corps et lui laissa une impression familière indéfinissable. Bien qu’il ne sut dire pourquoi, il sentait que l’objet était fait pour lui. « Eh bien, merci. » fit Milan en refermant sa main sur l’objet. « Où as-tu trouvé ça ?
- Ah ne me remercie pas ! Je ne fais que m’en débarrasser mais je suppose sans hésitation qu’il aura bien plus de valeur à tes yeux. C’est une relique Milan. Une relique perdue nommée l’Encensoir des Condamnés. Il est lié à ton pouvoir donc je pense que tu en feras certainement un bien meilleur usage que moi. Je l’ai trouvé pendant mes voyages. J’ai eu du mal à me la procurer et elle réagit assez mal avec les voyageurs qui ne peuvent pas la contrôler. »

Les yeux toujours rivés sur l’objet, Milan s’apprêtait à poser une nouvelle question à son amie. Levant la tête vers elle, il s’aperçut avec stupéfaction que celle-ci avait disparu sans le prévenir, le laissant seul au sommet des Montagnes Rivales.